Orion | It takes balls to be a fairy (finie)

couleur des yeux — Vert ambré, ses arcades sourcilières les accompagnent d’un air indécis ; couleur des cheveux — Noir corbeau, d’un absolu déconcertant ; taille — Un mètre quatre-vingt-neuf ; poids — Quatre-vingts kilos tout rond, tout nu, tout sec ; tatouages ou piercings — Aucun, il garde ça au stade de fantasme ; cicatrices — Une greffe de peau sur le dos, séquelle d’une large brûlure ; style vestimentaire — Minimaliste mais propre sur lui, un peu gentleman bien taillé, sauf quand il sait qu’il va passer sa journée à en baver sur le terrain ou au sport.

Nom du pouvoir — Arrêt sur image.
Description du pouvoir — Orion a la capacité de figer les choses, les gens, les mettre en arrêt sur image, comme le nom l’indique. Il ne faut pas s’y méprendre, s’il peut figer une scène entière, Orion n’est pas quelqu’un qui voyage dans un temps arrêté. En réalité Orion peut, par exemple, ne figer qu’une personne dans un groupe, auquel cas n’importe qui peut se mouvoir autour de cette personne et constater l’arrêt. On peut même le déplacer un peu, pour rigoler, lui mettre son doigt dans une de ses narines, et relancer le film pour voir l’ahuri s’agacer de la mauvaise blague. Il peut également figer des objets, tel que le vase de belle-maman sur le point de tomber lors d’une dispute avec sa femme, capacité essentielle pour sauver un mariage. Bref, vous l’aurez compris, il s’agit un peu d’un arrêt de toute énergie dans un périmètre bien ciblé. A noter qu’une personne figée n’est pas consciente de ce qui se passe autour d’elle, jusqu’à ce qu’elle reprenne son droit à la dynamique.

Sourire. Quand Orion te fixe, tu sais rarement ce qu’il pense. Quand il te décoche un sourire un peu taquin, tu te demandes s’il se moque outrageusement de toi, s’il est snob comme un pète-sec ou s’il rit de bon cœur. Et tu passeras un sale quart d’heure à apprendre à différencier tout ça si l’envie te prend. Mais ce que tu peux vite remarquer, c’est qu’Orion est flegmatique. Pas dans un sens négatif ou vide de vie, simplement, le grand dadet est conciliant, peu contrariant et pas conflictuel pour un sou.

Pourtant c’est pas faute de vivre d’intenses émotions en permanence. C’est un chic type Orion, un type qui s’inquiète pour le moindre inconnu qu’il croise dans la rue, qui se fait du souci pour ses amis quand ils ne se comportent pas comme d’habitude, mais c’est aussi un type qui sait que le montrer lui causeras plus d’emmerdes qu’autre chose. Alors il le cache. Il regarde le monde sans rien dire mais en pensant beaucoup. Ses idéaux de bisounours ne le mèneront nulle part, il trouve que les gens qui croient encore aux humains et aux étoiles se font rares.

Et cette capacité à émousser ses affects, il s’en sert pour faire ce qui doit être fait. En apprenant la médecine, il a appris à quel point la compassion peut mener à l’erreur.  L’humour reste une arme de choix, et quand il lance une phrase cynique pour détendre l’atmosphère, il pense toujours à bien. Tellement que s’il a le malheur de tomber sur une personne susceptible, il se confondra en excuses puis se noiera sous la culpabilité toute la journée durant.

Dans l’intimité, Orion est quand même sacrément farceur. Bon vivant, bonne oreille, petit plaisantin à ses heures, le garçon aime aussi profiter de son charme quand il est remarqué. Comme n’importe qui me direz-vous, mais l’Irlandais se trimballe son palmarès de coup d’un soir en cachant bien son jeu. Volage, il l’est aussi avec les connaissances et la culture : curieux, il s’intéresse à de vastes sujets mais oublie tout assez vite, ne pouvant tout digérer. Exception faite, sûrement, de la médecine.

Ce domaine l’a vite passionné, mais pas plus qu’un autre sur le plan scientifique. Ce qui l’intéressait, c’est le contact humain. Finalement, il a rejoint la police pour diversifer son activité, mais le jeune homme a toujours ce dévouement et cette loyauté hors norme. La déontologie lui colle comme un gant, ne jugeant jamais les actes d’autrui, c’est le genre de personne à soigner un crépusculaire quelque soit son passé, sans pour autant cautionner. Peut-être ce dévouement découle-t-il de son statut d’étoile ? De sa passion pour l’autre, de sa foi en l’humanité, qui sait. Son humain lié le trouvera peut-être collant, misère.

En résumé, vous n’imaginez pas tout ce qu’Orion peut faire pour vous.  

« Hé alors, co-cooomme ça, t’es une étoile? Tu brilles dans le noir, et tout ? » Il te regarde, tiraillé entre douceur et pitié, toi le pilier de bar. Il hausse les épaules et répond sachant pertinemment que tu n’écoutes pas vraiment « Ouais, je viens de là haut. » Il pointe le toit du bar du doigt, toi, éméché comme t’es, tu n’penses qu’à éclater de rire «  Ah ouais, de la laaampe quoi ! » Il soupire. C’était un autre temps pour Orion. Ses souvenirs se sont effacés avec le temps, mais il lui reste quelques bribes, des bribes où il a le sentiment de guider d’anciennes civilisations. Il brillait aussi fortement qu’il pouvait, il y mettait du sien. Aujourd’hui, il met du sien à ignorer ton haleine éthylique. T’y mets pas franchement du tien pour l’aider. La patience d’Orion te parait tout ce qu’il y a de plus naturel, crois-moi que le premier venu t’aurais plutôt foutu son poing dans la figure. «  Avant, on pouvait vous observer tranquillement et c’était intéressant, maintenant on est parmi vous, pour vous aider. C’est différent mais c’est pas plus mal. » Orion est un cas d’école, il a vu nombre de désastres humains, pourtant sa foi ne s’est pas ébranlée d’un pouce. Même quand il te r’garde descendre un shot supplémentaire, dubitatif sur ta capacité à tenir le coup.

Si les souvenirs d’avant sont flous, ceux d’ici-bas sont très clairs. L’histoire de l’arrivée d’Orion a toujours beaucoup fait rire sa famille adoptive. La pauvre étoile a atterri au beau milieu de la nuit dans une des collines celtiques irlandaises où contes et mythes pullulent en grand nombre. Et l’Irlandais qui vivait là fut pris d’un énorme élan de panique, il était rentré en hurlant chercher du réconfort auprès de sa femme et sa fille. «  Les fées ! J’ai froissé les fées et maintenant elles comptent me le faire payer ! » C’est monnaie courante au pays des leprechauns, les habitants sont très superstitieux. Sa femme, toute aussi inquiète, lui demanda de lui raconter tout en détail. Après quoi elle lui conseilla d’aller porter ses excuses aux fées, assurant qu’elle lui viendrait en aide dans cette tâche. Quelle ne fut pas leur surprise, en y retournant, de trouver un garçon de sept ans assoupi et nu comme un ver. « Crois-tu qu’il s’agit d’un enfant enlevé ? » Sachez aussi que dans de nombreuses histoires, les fées malveillantes volent les nourrissons des bons et pieux paysans du Connemara. Fiers de leurs  réputations, ils connaissaient les folklores et ces histoires d’étoiles, aussi le nommèrent-ils Orion, en mémoire à l’une des plus brillantes. En y repensant, Orion a eu beaucoup de chance de tomber sur des gens pareils, et il le sait. Ca lui déclenche un sourire attendri.

Ton bruyant rôt le ramène sur Terre. Il hausse un sourcil et finit par te demander si tu as de la famille, si quelqu’un va venir te chercher. Sans trop de gêne tu lui réponds que ta femme t’as largué il y a une semaine, partie avec ton fils. Tu vois Orion secouer la tête mais tu n’es plus à même de comprendre ces réactions. La sueur, le tourni, le mal de bide, t’es à la ramasse, tu le sais même pas. La nausée te monte soudain et te voilà sur le point de vo… Ah bah ça y est, tu lui vomis dessus. Enfin, croyais tu, mais quand tu relèves la tête, tu sens sa main sur ton épaule, tu aperçois sa chemise intacte et tu te demandes à quel point tu peux être bourré pour halluciner ainsi. En réalité, Orion a usé de son don, mais tu ne peux pas t’en douter, pas vrai, toi qui ne crois même pas aux étoiles. Ton compagnon de fortune s’adresse au barman pour t’excuser et décide de t’emmener aux toilettes vider ton… sac. Tu commences alors à descendre de ton petit nuage, à te questionner, pourquoi t’accorde-t-il autant de son temps ? Alors qu’il s’enferme avec toi dans une cabine et t’aide à tenir dans une position respectable – fut il encore possible d’utiliser ce terme – tu te mets à fondre en larmes. «  Aller, c’est rien, ça arrive à tout le monde une mauvaise passe. »

Son don d’étoile, Orion l’a découvert assez tard en réalité. Dans des circonstances qu’il aurait préféré différentes. La maison des Kavanagh a malheureusement pris feu, il avait alors 16 ans. Leurs parents partis travailler, l’ado et sa petite sœur préparaient le repas du soir pour leur faire une petite surprise. Ca n’a pô loupé. Ils n’avaient pas commis d’erreur, non, c’était la faute d’une petite fuite de gaz qui, dès lors qu’ils allumèrent les équipements, déclencha une explosion. Orion s’est précipité sur Orenda et c’est ainsi qu’il fut blessé d’une brûlure du troisième degré sur son dos, mais la douleur abominable pris fin de façon peu orthodoxe. Alors qu’ils crurent mourir, le temps s’était arrêté. Pour être exact, le feu s’était arrêté. Et il resta immobile jusqu’à ce que les enfants quittent la maison, puis il repris quand Orion tomba dans les pommes en raison de sa blessure. Ses parents n’y croyaient pas au début, puis la famille s’habitua à ce nouvel élément. En revanche, madame Kavanagh ne s’est jamais pardonné la cicatrice sur le dos d’Orion, preuve selon elle qu’elle avait abandonné ses enfants. L’histoire peu ordinaire d’une famille aimante.

Ton dernier vomissement évacué, mélangé avec grâce à tes pleurs d’ivrognes, il t’aide à te relever et t’ordonne de te rincer un minimum la bouche avant votre départ. Votre ?  Du haut de tes trente-deux ans, tu vis mal d’être mené à la baguette par un jeune, mais tu t’exécutes.  «  Tu vas rentrer chez moi ce soir, tu n’es pas en état. » Tu essaies de beugler mais rien ne sort. Alors tu marmonnes avec une instance toute particulière que tu n’es pas pédé. Il rit. Tu trouves son rire plutôt clair pour un grand gaillard de son envergure. Mais tu ne t’inquiète pas. Et demain, tu auras oublié tout ça de toute manière. Orion ne cherche pas à te mettre dans son lit, même s’il grogne intérieurement à l’idée d’avoir laissé passé un bon coup à cause de toi. Loin de lui l’idée d’abuser d’un alcoolique. Non, Orion souhaite juste t’accorder une nuit de répit, il pense que tu y as droit. Il est aussi persuadé que devant la démonstration de générosité d’un inconnu, demain il parviendra à te remonter le moral, te convaincre que ta vie n’est pas perdue et que tu peux retrouver ta famille avec un peu d’efforts. Il soupire tout de même quand tu t’assoupis sur son lit. Tu n’es pas son humain. Il est dévoué à tout le monde de toute façon. Mais il aimerait encore plus l’être avec cette personne qui doit lui être spéciale. En attendant, il erre, mais pas sans but.