This isn't even worth talking about → [PV : Pandore]

Par une journée pluvieuse comme celle-ci, personne ne souhaitait sortir; il n'y avait d'ailleurs pas un chat dehors. Pandore soupira, fixant l'extérieur d'un air absent. Elle était venue se réfugier à la bibliothèque afin de lire un peu au calme. Elle songeait à ses parents adoptifs, sa maison, ses chats... Et soupira une fois de plus. Elle ne pensait pas que ce serait si pesant d'être loin du lieu où elle avait grandit. Elle n'avait toujours rencontré personne ici. A part un étrange garçon d'environ son âge... Elle allait en cours, mais ne parlait à personne. Elle sortait, mais restait seule.

Finalement, Pandore se releva, déambulant entre les étagères remplies de livres en tout genre. Que pouvait-elle donc bien lire aujourd'hui ? Un roman ? Ou bien peut-être prendrait-elle le temps de se renseigner encore davantage sur les animaux ? Finalement, elle trouva le livre qui l'intéressait. Mais il se trouvait au sommet de l'étagère, et comme elle était petite... Elle regarda à gauche, à droite; personne. Alors elle grimpa habilement sur l'étagère et récupéra le livre convoité, et se laissa discrètement retomber sur le sol. Puisqu'elle n'aimait pas demander de l'aide à autrui, il fallait bien qu'elle se débrouille !

Mais la jeune fille était tellement perdue dans ses pensées, qu'elle avait déjà oubliée où elle était installée un peu plus tôt. Gauche, droite... ? Elle se dirigea hasardeusement vers la gauche, fit le tour de quelques tables vides sans y trouver ses affaires. Plutôt que de repasser entre les étagères, elle fit le tour. Il y avait plus de monde de ce côté-ci. Elle ne se souciait pas de savoir qui, et continua son chemin tout droit.

Si seulement elle avait le sens de l'orientation, elle n'aurait pas à chercher ses affaires ainsi ! Alors qu'elle allait soupirer une fois de plus, elle trébucha par dessus le pied d'une chaise, et tomba aussitôt ! Sur les pieds d'un jeune homme, qui plus est...

« E...Excusez moi ! »

Le visage de la demoiselle se teignait rapidement d'une couleur rosâtre. Elle détestait être mise dans l’embarras. Des larmes lui emplirent les yeux, alors qu'elle se retournait, voyant tous les visages tournés vers elle. Trop de monde. Trop de regards. Ils devaient tous avoir vu. Ils avaient sans doute vu.
Alors qu'elle était tombée, sa jupe s'était relevée; laissant apparaître une culotte rayée. Ils avaient tout vu.
Plus elle y pensait, et plus la panique s'emparait d'elle. De plus, ce n'était pas comme si elle était tombée, tout simplement sur le sol. Elle avait heurté cet inconnu, alors qu'il était simplement installé sur sa chaise...

Les larmes coulèrent sur ses joues à présent rouges; elle tremblait. Cette journée qui n'était déjà pas géniale, avait finit par l'achevée. Pandore se mit à pleurer, comme une enfant, devant tout le monde, sous les "chut" répétés des bibliothécaires !  

Les larmes se calmèrent lorsque l'homme se releva. La bibliothécaire était énervée. Pandore releva son visage vers l'inconnu... Visiblement, il s'agissait d'un policier. La demoiselle ne savait plus trop que penser. Elle venait de se ridiculiser, elle s'était mise à pleurer, et en plus, elle n'était pas tombée sur n'importe qui, mais sur un policier. Elle était toujours aussi paniquée, mais sorti tout de même un mouchoir afin de s'essuyer la figure, malgré les larmes qui continuaient d'inonder ses joues. Elle était frustrée par son propre caractère, et sa manière d'être.  Tout autour d'elle était très vague, très flou; la panique ainsi que les larmes l'empêchait de comprendre les choses. L'homme se rabaissa au niveau de Pandore, et tendit une main afin de lui tapoter l'épaule; ce qui la fit sursauter.

Elle cherchait à se calmer. Son corps tout entier lui disait qu'on se moquait d'elle; que l'homme, qui ne lui avait pourtant rien fait l'agressait, et elle tremblait. Cette voix monotone qui retentit soudainement n'arrangeait pas les choses. Toutefois, elle ravala une nouvelle flopée de larmes. Il lui proposa de récupérer ses affaires et de sortir d'ici. Dans l'esprit embrumé de Pandore, cela signifiait simplement qu'elle dérangeait. Incapable de parler, elle se contenta d'hocher la tête. Le regard froid auquel elle avait droit lui donnait la chair de poule. Elle se sentait coupable d'un crime terrible, comme si elle avait tué quelqu'un, ou volé une oeuvre d'art inestimable. Elle n'avait pourtant rien demandé à personne, et n'avait d'ailleurs rien fait de mal. Son corps tremblait tant qu'elle en semblait fragile. Fragile comme un nouveau-né que l'on a besoin de protéger.

Pandore se releva docilement, et alla chercher ses affaires, puis sorti de l'établissement sans même attendre le jeune homme. Elle devait se mordre la lèvre inférieure pour ne pas se remettre à pleurer; la douleur, bien que légère, focalisait son esprit sur autre chose. La plupart des personnes présentent s'étaient remisent à lire tranquillement. Mais les quelques unes qui fixaient toujours la jeune fille, ou bien qui faisaient des messes basses tandis qu'elle passait suffisait à la perturbée. C'était dans ces moments là qu'elle voudrait disparaître, se dissiper totalement, comme la brume. Comme si elle n'avait jamais existé...
Elle resta planté là, devant les portes de la bibliothèque, attendant l'individu qui lui avait en quelques sorte, forcé la main pour qu'elle sorte.

La pluie était de plus en plus légère, mais encore présente. Bien que l'air était humide, il n'y avait pas de vent, et ce n'était pas si désagréable. Le regard de Pandore se perdait vers les gouttelettes qui venaient s'écraser sur le sol.  

La demoiselle n'avait même pas remarqué le policier arriver. Ses yeux étaient toujours rivés au loin. L'odeur de cigarette était plutôt forte sous le préau de la bibliothèque. C'était désagréable, mais Pandore ne s'en souciait nullement. Elle redressa enfin les yeux vers l'homme, qui lui lâcha son prénom comme s'il était fréquent, et qu'elle remarquerait tout de suite de quoi il s'agissait. Bien heureusement, elle n'était pas bête à ce point, et comprit... Tout de suite.
Il y eu un silence pesant durant plusieurs minutes. Pandore était décidément mal à l'aise. Cet homme, elle ne le reverrait sûrement pas, alors pourquoi s'embêter ?
Il lui demanda finalement pourquoi elle avait pleuré tout à l'heure. Une fois de plus, les yeux de la gamine se dressèrent vers Jarod. Que répondre ? Elle-même ne savait pas vraiment. Elle n'avait pas pu les retenir après tout, ces larmes. Il y eu un nouveau silence. Un vent froid fit frissonner la jeune fille. Elle n'avait pas envie de répondre. Elle baissa les yeux au sol. Elle venait de se souvenir des regards pesant et désagréables des autres personnes. La réponse lui paru soudain évidente.

«  Ils me regardaient. »

Sa voix était faible et encore un peu tremblante. Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle avait l'impression de passer un interrogatoire...
On pouvait entendre des femmes se disputer un peu plus loin, un chien qui aboyait incessamment, le son des moteurs qui grognaient, les sonnettes des vélos qui passaient... Il ne pleuvait plus, c'était aussitôt devenu bien plus bruyant.

Le ventre de la jeune fille grogna, lui aussi. Après tout, il était presque 17h00 et elle n'avait pas beaucoup manger ce midi. Ses joues prirent une teinte rosée, tandis que son regard cherchait un endroit où partir se cacher. Mais ici c'était inutile. Elle n'avait pas emmener d'argent; elle n'avait plus qu'à prétexter une urgence pour retourner à l'internat ? Sans doutes. Elle s'attela aussitôt à chercher une excuse dans sa petite tête ronde.