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 La lumière et son reflet | Kara

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MessageSujet: La lumière et son reflet | Kara   La lumière et son reflet | Kara EmptyVen 5 Fév - 0:35



La lumière et son reflet


Chlodwig marche. Il est dehors. Il ne devrait pas être là, c'est dangereux. Mais il n'a pas vraiment le choix. Il doit regarder, il doit chercher. Se cacher, quelque part, là où il peut regarder les gens. Se fondre dans la foule, pour ne pas être remarqué, ne pas être pris.



Il ne sort que rarement. Même s'il a parfois des activités qu'il a envie d'accomplir en dehors du QG, il est toujours prudent. Et, surtout, il garde toujours l'oeil ouvert. Pour surveiller les alentours et éviter d'être pris par la police anti-crépuscule. Mais également parce que, s'il était venu ici, à Hoshikami, c'était aussi pour trouver l'humain auquel il était lié.



Et que son instinct lui disait qu'il lui fallait venir ici pour le trouver. Certes, le Crépuscule était important mais il lui fallait aussi retrouver cette personne, celle qu'il était sensé vouloir protéger. Et celle avec qui l'Etoile Divine s'était amusée à le lier, déesse tyrannique.



A chaque fois que le terroriste sort, il observe la foule, d'un oeil aiguisé. Il parait qu'il devrait savoir rapidemment, sans trop de problèmes. Mais que ça peut être plus compliqué que ça pour les humains. Que certains ne ressentent pas forcément grand chose. C'est pour ça qu'il s'agissait d'un travail délicat.



Son regard retourne sans cesse vers le même endroit. Il essaie de se ressaissir mais n'y arrive pas alors, surpris, il se laisse aller l'espace de quelques instants. Se rapproche, attend. Et soudain, il comprend. Protéger.



L'humain auquel il était lié était là. Enfin, elle était là. Finalement. Il avait tant attendu ce moment. Mais, bien évidemment, il fallait que ça tombe maintenant, lorsqu'il était recherché. Un contact prolongé, s'il était observé, lui serait fatal. Même s'il était heureux d'avoir enfin trouvé, il n'y avait pas de place pour ça. Il devait établir le contact.



Il trottine. Elle a l'air de quelqu'un que l'on peut aisément retrouver, pour peu que l'on fasse des recherches. Jeune, probablement étudiante ou lycéene. Donc dans des listes, quelque part. Celles de l'académie de la ville, sans doute. mais il vaut mieux ne pas laisser passer l'occasion.



Un petit mouchard posé rapidement, il la dépasse. Se retourne, lui sourit, dégageant son visage.



« - Salut, je ne sais pas si tu es capable de t'en aperçevoir mais je suis ton étoile. »



Il regarde sa réaction, fait attention à ne pas la brusquer, ne pas lui faire peur. Ne pas la blesser, la protéger. Et construire une relation positive, aussi complexe puisse-t-elle être. Bien.



« - Je dois t'avouer ne pas avoir le luxe de m'attarder sur ça là maintenant. Ça te mettrait en danger. Alors parlons-en autre part, si tu veux bien. »



Il réfléchit un peu, pendant qu'elle digère l'information. Loin de la ville. Peu fréquenté à cette période de l'année. Forêt. Maison hantée. Cimetière.



Le premier contient le risque de se perdre. C'est inutile alors il ne le considère plus. Le second choix et le troisième se valent grossièrement. Mais s'il faut fuir et voir les gens venir, le cimetière est plus dégagé.



« - Alors je te propose qu'on se voye au cimetière. Demain. Dix heures. »



Il sort un papier griffonné sur lequel est écrit une adresse mail et lui fourre dans les mains avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche et reprend.



« - Tu peux me contacter avec ça. Je dois vraiment y aller. Crois-moi, c'est pour ton bien.»



Il est sincère, ne cherchant pas à la manipuler. Après tout, même si elle ne vient pas, il sait qu'il la retrouvera. Et qu'il pourra s'en occuper comme il faut. Mais pour l'instant...



Il trottine à nouveau et disparaît sans s'être fait remarquer. Bien.





Chlodwig n'a pas reçu de mail. Alors il est là, dans le cimetière. C'est un vieux cimetière japonais, plein de tombes. Un endroit paisible et magnifique, bien entretenu et organisé. Mais, malgré toute la beauté qui émanait du lieu, son rôle de cimetière en faisait émaner une aura morbide.



Ce n'était pas le meilleur endroit pour un rendez-vous mais il n'avait pas vraiment eu le choix du lieu, n'est-ce pas ? Il espérait vraiment que rien d'inopiné ne viendrait rompre la monotonie des lieux. Après tout, qu'est-ce que les forces de police viendraient faire ici ?



Rester ici était dangereux, c'est beaucoup plus sûr d'être mobile. Ou cloîtré dans le Quartier Général. La seconde option étant de loin la plus confortable et sa préférée. Mais c'était un risque qu'il devait prendre, à la fois pour lui et pour elle. Parce qu'elle était son humaine et que leurs destins étaient liés.



Il aurait pu l'enlever. Il le fera peut-être. Mais il vaut mieux commencer les choses comme il faut, même si on ne peut pas dire que ce soit très réussi pour l'instant. Il soupire longuement, il aurait voulu pouvoir faire ça autrement mais il n'était pas le maître de sa destinée ici.



Alerte, il regarde les tombes, déambule. Des noms y sont inscrits, avec la cause de leur mort. Il y en a qui sont naturelles. Il y en a qui sont 'inconnues', sans doute liée à la mort de celui auquel ils sont liés. Et il y a ceux qui sont pire que cette incertitude, qui témoignent de l'ampleur du problème.



Sur cette tombe là, devant laquelle il s'arrête, il y a deux noms. Et des dates. L'un est jeune, très jeune. C'était un enfant de neuf ans. L'autre, au contraire, avait quatre-vingt trois ans. Et, sur la tombe, une seule légende.




Lorsqu'une lumière s'éteint, son reflet disparait.



C'était la triste réalité de ce monde, celle contre laquelle il se battait. Illogique, de prendre des vies pour récupérer sa destinée et en protéger d'autres ? Peut-être. Il pouvait concevoir le fait qu'on ne pense pas comme lui. Qu'on veuille l'enfermer.



C'était normal. Mais cela ne changerait rien aux choses. Ceux qui ne se battaient pas pour leurs idéaux, qui n'étaient pas prêts à sacrifier quoi que ce soit, ils n'obtiendraient rien. Et puis, il aimait le Crépuscule.



Ses mains jointes dans le silence, il se penche légèrement sur la tombe, et murmure en allemand. Une prière, une promesse de vengeance, de changements. Des dires inutiles, peut-être des mensonges, que nul n'entendrait, ne comprendrait.



Ce n'était pas son genre. Mais il était dans un cimetière alors il fallait bien qu'il donne l'impression de se recueillir, au cas où quelqu'un viendrait à passer. Qu'il trouve une tombe pour lui servir de prétexte, de couverture.



Et s'il fallait qu'il y en ait une, ce serait celle-là, du coup.



Il souleva la tête, regardant à nouveau la tombe. Elle n'était accompagnée d'aucun entretien particulier. Non seulement l'on ne la couvrait pas de fleurs mais, en plus, des plantes commençaient déjà à l'envahir ici et là. Personne n'était venu sur cette tombe depuis longtemps. Personne n'y viendrait donc aujourd'hui.



D'ailleurs, il n'y avait personne dans le cimetière. Pas un bruit à part celui du vent qui troublaient ses cheveux et se faisait un plaisir de jouer avec. Vent bientôt suivi par quelques gouttelettes de pluie, annonciatrices d'un déluge proche.



Tout allait pour le mieux. S'il se mettait à pleuvoir, cela serait un peu ennuyeux mais il y aurait encore moins de chance que l'on vienne mettre son nez dans ses affaires. Il ne restait qu'à ce qu'elle vienne.



Après tout, attendre pour rien, c'était déplaisant. Parce que c'était dangereux et que l'important n'allait pas pouvoir être transmis. Et que ça aussi, c'était dangereux. Il entendait quelqu'un s'approcher. Les pas d'une personne seule, sans doute.



Alors, tout gardant les alentours comme centre de son attention, de sa surveillance, Chlodwig retourne sur la tombe qu'il venait de voir et se penche dessus, faisant mine de se recueillir, puis décide de commencer à la nettoyer, comme s'il était venu là pour ça.



Pour elle, il serait lui-même. Mais pour les autres, il n'était qu'une personne ordinaire.



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MessageSujet: Re: La lumière et son reflet | Kara   La lumière et son reflet | Kara EmptyVen 5 Fév - 20:28



La lumière & son reflet.

Crois-tu aux contes de fées ?

Chlodwig and Kara.



Si le temps libre de certains étudiant est consacré à la lecture ou aux révisions, pour moi il est plutôt sacrifié à courir les rues. J’apprécie admirer la foule au café, sirotant tranquillement un délicieux élixir, ou encore m’approcher de chaque immeuble pour savoir quelle musique y est jouée. Parce que, la musique nous transporte et nous transforme, à choisir, j’élirai le Rock n’ Roll comme genre préféré, bien que la musique classique ne me déplait pas plus que cela. C’est agréable de se promener, de n’avoir à faire avec personne, de lorgner la foule du coin de l’oeil et de passer rapidement à quelque chose d’autre. Il est vrai, et j’en témoigne, que les rencontres type rendez-vous ne sont pas réellement à mon goût. Il y a toujours ce malaise, les deux ou trois premières fois, ce trouble qui me hante depuis des années. J’ai toujours peur qu’ils me jugent, qu’ils ne m’aiment pas et qu’ils finissent par me maltraiter, puis venant de moi, ils n’arriveront à avoir ma confiance que s’ils la désirent réellement, dans le cas contraire, je la garde pour moi. C’est la différence avec la masse, avec elle, je n’ai besoin de parler à personne, ils ne me regardent pas et m’évitent même, un bénéfice réciproque en quelque sorte.

Cheveux au vent, dansant au rythme des passants, je me mêlai joyeusement au troupeau qui marchait vers le centre-ville. Si autour de moi je n’aperçois que des couples d’amis ou simplement des couples, il m’arrive aussi de croiser quelques vieilles personnes peinant à porter leurs sacs de course. Et la plupart du temps, je les aide, en bonne fille que je suis. Ce n’est pas parce que je ne me sens pas à l’aise en solitaire avec quelqu’un que je dois en perdre les bonnes manières. En bref, une journée pas gâchée pour un sous, remplie de joie et de bonne humeur. Joie pourtant de courte durée. J’avais remarqué ce gars, il y a quelques minutes déjà, il était en retrait, une masse blonde lui couvrant le visage. Il hésitait, je le voyais regarder à droite et à gauche, une lueur d’inquiétude émanait de lui. Il se dégagea de son coin pour s’avancer dans la masse. Plus il s’avançait plus je peinai à respirer, quelque chose me bloquait le coeur, il battait très lentement, trop lentement, comme si le temps voulait l’arrêter. Même mes jambes n’avançaient plus aussi vite qu’avant. La chevelure blonde me dépassa et se retourna, dégagea une partie de son visage par le mouvement, il avait des yeux bleus impressionnants. Captivants. C’est un bleu où l’on pourrait se noyer, j’en restai béate et bouche-bée. Il profita de ma défaillance pour m’avoir.

« - Salut, je ne sais pas si tu es capable de t'en aperçevoir mais je suis ton étoile. »

J’en devins encore plus éberluée. Je connaissais la légende, plus ou moins vérifiée, du lien qui unissait les étoiles et les humains, après tout en cours j’avais quelques cas recensés. Néanmoins je ne montrais pas réellement mon étonnement, il continua.

« - Je dois t'avouer ne pas avoir le luxe de m'attarder sur ça là maintenant. Ca te mettrait en danger. Alors parlons-en autre part, si tu veux bien. »

Depuis quand est-il dangereux de parler avec des gens ? J’avais du mal à tout comprendre, d’un coup là, c’était un choc. Un parfait inconnu se présente et se déclare être mon étoile, bien bien, mais qui me le prouve ? Je pouvais beau me dire que c’était faux, je ne pouvais nier l’existence d’un sentiment nouveau à l’égard du blond. Un sentiment de sûreté et d’honnêteté. Après une courte pause, il reprit.

« - Alors je te propose qu'on se voye au cimetière. Demain. Dix heures. »

Il me fourra un papier chiffonné dans la paume, mes doigts se replièrent dessus automatiquement. Après un dernier regard alarmé, il me demanda de le contacter et disparut à travers les passants, me laissant en plan, seule et déboussolée dans les rues peuplées. C’était la première fois, depuis longtemps, que je me sentais si vide, si seule, abandonnée, par un simple inconnu.


_______________

Le jour dit était enfin arrivé, plus vite que prévu et le papier trônait sur ma table de chevet, toujours en boule, sans que je ne l'aie jamais ouvert. Je regardai rapidement l'horloge sur mon mur blanc, huit heures cinq. Il me fallait au moins une heure pour arriver au cimetière, j'avais donc encore une heure pour y réfléchir, calmement. Ou presque. Hystérique, j'arrachai le papier de sous la lampe et le déplia, y figurait une adresse mail. Une partie de la technologie dont j'étais incapable de me servir. Toutefois, cela aurait pu être utile, mais s'il m'avait donné rendez-vous il avait dû se préparer à tout, se préparer à mon incompétence informatique. Je me jetai sur mon matelas, posant mes mains dans mes cheveux. Fallait-il le fuir ? Fallait-il le rencontrer ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête, des incompréhensions, des curiosités. Une envie d'en savoir plus. Il ne m'avait pas laissé sans souvenir, pourquoi est-ce que j'avais ressenti ça lorsqu'il s'était approché ? Même s'il mentait, même s'il était sûrement dangereux, mon instinct prenait petit à petit le dessus.

Finalement, j'empoignai ma boîte de médicament, mélancoliquement. Après tout, s'il y a bien quelque chose qui devait me retenir dans ce monde, pour le moment ce serait cette boîte. La seule chose qui me permet de rester en vie tous les jours, qui a construit la fille que je suis. C'est horrible, c'est peut-être de la malchance, pourtant je ne m'en suis jamais plaint. Le destin me direz-vous. Je me levai et mis mon manteau gris, claquant la porte en partant et glissant la boîte dans une des poches, ainsi que le papier. De toute manière, que me reste-t-il à perdre ? J'ai déjà tout perdu, tout abandonné. Alors y aller ne pourra rien m'enlever de plus.

Une heure de marche durant, je me tâtais à revenir sur mes pas, à fuir ce vers quoi je me dirigeai. Néanmoins, il me suffisait d'une inspiration profonde et je continuais mon voyage. Lorsque les murs du cimetière apparurent au loin, je n'y vis pas un endroit lugubre où simplement des morts étaient enterrés six lieux sous terre, mais plutôt un endroit de repos éternel, où les gens se recueillaient sur les défunts, et ainsi leur histoire continuait, d'une certaine façon. La plupart des stèles sont surplombées d'un pavé en pierre, les noms écrits dessus et quelques fleurs sur certaines tombes, ou des feuilles des cerisiers qui les entourent. Assez improbable comme spectacle dans un tel lieu, pourtant c'est la simple vérité. Le voir pour y croire, paraît-il.  

En continuant son chemin, je remarquai un homme près d'une tombe, presque en train de prier pour la personne décédée à qui elle appartenait. Il ne me fallut que quelques secondes pour le reconnaître. Les cheveux pâles caressant les épaules, la silhouette grande et fine. C'était lui. Mon coeur se serra et s'arrêta encore une fois de battre. Sa main balayai la tombe, je me demandai s'il connaissait au moins la personne reposant en dessous. En fait, ça faisait quelques minutes que je l'observai. Je ne devais pas me laisser avoir par cette sensation gênante, voire étouffante. J'expirai un grand coup et me dirigeai vers lui. Ma démarche était assurée alors qu'en moi j'étais sur le point de m'évanouir. Le manteau un peu long me dérangeait dans mes pas, mon pantalon frottait dessus et mon haut rougeâtre me semblait être du sang sortant de mon corps. La misère.

Je m'arrêtai juste à côté de lui, ma première tentative de prise de parole fut un échec : je balbutiai des choses inaudibles et incompréhensibles. Même les oiseaux se moquaient de moi. Pour compenser mon manque absolu de crédibilité, je dépliai, tout en abusant sur les gestes, le papier qu'il m'avait donné la veille. Et bizarrement, un sourire apparut sur mes lèvres, comme si je n'avais pas besoin de me méfier de lui, parce qu'inconsciemment je le sentais, il ne mentait pas. Si les légendes sur les liens étoiles et humains étaient vraies, alors j'en faisais l'expérience, et j'aurais pu confirmer celles-ci. Le narguant un peu, je secouai le papier, toujours souriante. Un reflet et sa lumière hein ? Du moins, c’est ce qu’ils racontaient. Quoiqu’être le reflet de quelqu’un n’a pas l’air d’attiré plus de monde que cela.

« Je suis incapable d’utiliser un ordinateur correctement ».

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MessageSujet: Re: La lumière et son reflet | Kara   La lumière et son reflet | Kara EmptyDim 7 Fév - 17:58



La lumière et son reflet


Froide et rugueuse, la tombe était par endroits couverte d'une terre qui, fort de sa teneur en argile, venait salir les doigts du terroriste. Les quelques plantes qui s'étaient développées ça et là, envahissant comme si de rien n'était le monde des hommes, étaient encore fraîches de cette rosée matinale qui ne faisait qu'empirer les choses.



Il était en train de se salir les mains d'une toute autre manière que celle dont il aurait pu avoir l'habitude, de par ses occupations dissidentes, mais il s'en fichait. La personne qui s'était approchée, qu'il avait entendue arriver, c'était elle, il le savait maintenant. Alors il aurait pu arrêter la mascarade et la saluer au lieu de s'occuper de morts qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam.



Mais ç'aurait été la brusquer, alors il se retint. Chlodwig était heureux que son humaine soit venue. Cela voulait par exemple dire qu'il aurait moins de travail pour la retrouver encore une fois, même si le fait qu'elle soit sans doute une élève de l'Académie était une piste très facile à suivre, mais aussi qu'il y avait ce petit quelque chose qui faisait que ça risquait de bien se passer, qui allait la mettre en confiance.



La confiance, c'était quelque chose de très important pour le jeune joueur d'échecs. Parce que la vraie vie n'était pas un jeu d'échecs et qu'un pion que l'on ne pouvait pas bouger au moment où l'on devait le faire était inutile. C'est ce qu'il aurait répondu normalement. Mais là, vu la nature de la relation qu'ils entretenaient, il n'avait aucune intention de faire quoi que ce soit de mal à la jeune fille et, au contraire, voulait construire une véritable relation.



Alors il ne disait rien et continuait à brunir ses doigts en y ajoutant une fine couche argileuse. Ce qu'il allait faire, c'était attendre qu'elle vienne jusqu'à lui, qu'elle lui adresse la parole. Elle qui avait déjà réussi à trouver le courage de venir jusqu'ici, seule, avec un parfait étranger. Qui semblait encore avoir du mal à avancer, ne faisant que l'observer pour tenter de se reprendre, de se préparer à ce qu'il allait suivre.



Quelques minutes passèrent ainsi, la laissant s’apaiser, se faire à sa présence, à cet endroit insolite où ils se rencontraient pour la deuxième fois. Et où, pour la première fois, ils discuteraient, riraient peut-être, et  marcherait vers la direction que le Destin avait choisi pour eux, sans pouvoir lutter. Sans vouloir lutter.



Chlodwig avait depuis longtemps accepté que sa vie était liée à celle d'une autre personne alors le sentiment qui l'habitait était plus celui du bonheur, de l'avoir enfin trouvée, que le désir de se débarrasser des chaines auxquels il était lié. Mais cela ne changeait rien à ses convictions.  Même si l’Étoile Divine lui accordait tous ses souhaits et essayait de lui créer un monde parfait, il se battrait. Ne serait-ce que pour les autres et le sang qui avait déjà été versé.



Elle s'approchait. Chlodwig retint son souffle, attendant de voir ce qui allait se passer. Et un sourire sincère apparut sur ses lèvres lorsqu'elle se mit à balbutier quelque chose qu'il ne comprenait pas, échouant lamentablement sa tentative de parole, mais d'une façon tout simplement mignonne. Il se tourna donc vers elle, près à la saluer et la rassurer lorsqu'elle lui refourgua le papier qu'il lui avait donné précédemment dans les mains.



« - Je suis incapable d’utiliser un ordinateur correctement. »



Il ne s'attendait absolument pas à une telle déclaration et il ne pu que rester là, quelques instants, à la regarder en se demandant ce qu'elle venait de dire avant que, finalement, son cerveau comprenne et assimile l'information, lui arrachant encore un autre sourire.



Il allait poser sa main sur sa tête gentiment puis ébouriffer ses cheveux en lui disant que ce n'était pas un problème puisqu'elle était venue mais il se rappela que ses mains étaient encore toutes sales, après avoir nettoyé un peu la tombe devant laquelle ils étaient installés. Avortant son mouvement, il fit en sorte de se nettoyer un peu les mains pendant qu'il lui répondait, en un murmure.



« - Mais tu es venue. Et si tu ne l'avais pas fait, j'aurais toujours pu te retrouver, d'une manière ou d'une autre. »



Il n'avait pas fait la moindre recherche sur l'identité de celle à laquelle il était lié mais à vrai dire, cela ne le tracassait pas trop. C'était normal d'apprendre à connaître quelqu'un d'autre à travers une conversation, une rencontre. Et là, même si c'était la deuxième fois qu'ils se voyaient, c'était le moment de la rencontre. Tant qu'aucun policier ne venait fouiner dans le cimetière, bien sûr.



Chlodwig allait dire quelque chose mais il se retint, déglutissant. C'était quelque chose qu'il avait du mal à dire, à admettre, parce qu'il craignait la réaction de son humaine. Après tout, il ne la connaissait pas encore et ne pouvait savoir ce qu'elle penserait de lui lorsqu'il lui dirait qui il était. C'était un danger que de dire ça maintenant mais il n'avait pas vraiment le choix, après ce qu'il lui avait dit hier.



Il allait lui dire. Lui prouver qu'il était sincère, honnête et qu'elle pouvait compter sur ce qu'il disait, l'écouter sans craindre le mensonge. Car il ne voulait pas lui mentir, pas à cette personne-là. Il ne voulait pas la blesser en laissant planer un flou plus longtemps, pas alors qu'ils auraient pu être interrompus n'importe quand. Des mots coulèrent donc, doucement, gentiment, malgré la voix grave du Crépusculaire qui se voulait rassurant.



« - Je m'appelle Chlodwig Pfeiffer. Et peut-être que ça va te surprendre ou t’inquiéter mais, actuellement, je suis l'un des commandants du groupe terroriste connu sous le nom de Crépuscule. »



Il faisait une moue un peu inquiète, se demandant comment elle allait réagir et, en même temps, profitant du fait qu'il avait enfin réussit à débarrasser sa main de toute la terre qu'il avait mise dessus, il effectua le mouvement qu'il avait réprimé juste avant et lui ébouriffa doucement les cheveux en souriant.



« - Mais tu n'as rien à craindre. Tout ce que je veux, c'est te protéger et faire en sorte que tu sois heureuse, je ne te ferais aucun mal. »



Ça avait le mérite d'être franc et direct. Il avait beau avoir dit ça, il devrait peut-être la brusquer un tout petit peu à un moment ou un autre, s'il en venait à devoir la kidnapper pour qu'elle soit en sécurité. Mais même dans ce cas, il ferait en sorte qu'elle n'ait pas trop de problème et qu'il ne lui arrive rien.



Il était sincère. Et si elle voulait l'ignorer complètement alors il... Non, il ne savait pas. Mais il pourrait toujours y réfléchir une fois le moment venu.



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MessageSujet: Re: La lumière et son reflet | Kara   La lumière et son reflet | Kara EmptyMer 10 Fév - 13:08



La lumière & son reflet.

Quelqu'un qui vous veut du bien.

Chlodwig and Kara.



Quand on y repense, il y a quelque chose de contradictoire dans ma venue au cimetière. De très paradoxal. Le paradoxe est que, malgré ma légère anthropophobie, cette peur de la vie sociale, j'ai accepté un rendez-vous fixé par un pur inconnu. Rendez-vous qui plus est, s'effectue dans un lieu macabre et angoissant pour la plupart des personnes. La chambre des morts, des os enterrés, et pire, des fois il faut se dire que certains ont sûrement été noyés dans un cercueil, alors qu'ils étaient encore en vie. Cette pensée me glaça le dos un instant, je ne voulais plus réfléchir à mes actes, mes décisions. Après tout, une personne normale aurait dû premièrement, refuser cette proposition et aussi, d'une autre part, demander de changer le lieu. Mais peut-être que les gens savent utiliser d'un ordinateur et envoyer des mails, et n'ont pas peur de simple bouts de papier, ce qui est mon cas. Du coup, je me retrouvai ici par instinct, pourtant je n'avais pas peur. Ni de lui, ni du lieu. Mais j'avais peur, de quelque chose de plus fort, imperceptible à l'oeil nu. La curiosité m'a-t-elle poussée à venir ? Ou bien est-ce autre chose ? Le Destin ? J'ai toujours cru que c'était une légende, que ce genre de choses n'existait que dans les romans. Mais je suis bien là, ancrée dans le sol tel un piquet.

Il se tourna doucement vers moi, un peu taciturne, comme s’il n’avait pas compris le lien entre le papier et ma déclaration. Puis, soudain, son visage fut illuminé d’un sourire, quelque peu dissimulé sous ses cheveux mais je pouvais le percevoir. Délicat et agréable, ce qui automatiquement me fit sourire à mon tour, alors que je n’avais rien demandé. L’homme aux cheveux blonds regarda mon crâne, ensuite ses mains furtivement puis il les dirigea lentement vers le ciel, à croire qu’il voulait faire part d’affection, mais non. Il arrêta son geste et se tapota les mains pour enlever la terre qui s’y trouvait, de sous sa touffe sortirent des mots murmurés.

« Mais tu es venue. Et si tu ne l'avais pas fait, j'aurais toujours pu te retrouver, d'une manière ou d'une autre ».

Mon coeur se serra, ses paroles étaient sincères et claires, tellement limpides que j’en ressentais directement la portée. Je fixai sa silhouette fine et haute, prodigieuse quand on s’y penche de plus près, seulement quelques ombres de son visage se dégageaient, un homme mystérieux au final.

Quand mon regard s’attarda sur sa gorge, je remarquai que sa pomme d’Adam tremblotait, qu’il déglutissait. Je plissai les yeux, l’observant toujours, avait-il peur de quelque chose ? Il s’impatientait presque, et le silence régnait sur nos deux âmes. Alors, un peu déboussolée, je tournai la tête vers les autres tombes, toutes étaient plus majestueuses que moi, une pensée farfelue me traversa l’esprit, peut-être le gênai-je ? Non, c’est lui qui m’a demandé de venir, alors je ne peux pas être de trop, sauf si je ne suis pas celle qu’il attendait, qu’il s’était trompé de personne. Et puis merde quoi, j’avais fait le trajet pour rien ? Je devenais folle de rage intérieurement, m’inventant des films, créant des excuses pour justifier le malaise que je ressentais depuis le début. Il m’extirpa de mes pensées rapidement de sa voix grave et douce.

« Je m'appelle Chlodwig Pfeiffer. Et peut-être que ça va te surprendre ou t’inquiéter mais, actuellement, je suis l'un des commandants du groupe terroriste connu sous le nom de Crépuscule. »

J'écarquillai les yeux, me laissant tomber sur la pierre de la stèle, totalement paniquée. Le Crépuscule, j'en avais vaguement entendu parler, c'était ce groupe de personnes qui voulaient annihiler les liens entre étoiles et humains, les trouvant injustes. Je ne pensais pas grand chose d'eux, au fond leur cause était noble d'un point de vue, bien que je ne sache exactement jusqu'où cela pouvait les mener, tuait-il des gens ? En fait, je ne souhaitais pas le savoir. Ma main vint se poser sur mon front, regardant entre mes doigts le terroriste présumé ; il n'avait rien d'un terroriste, il ne faisait pas peur, il n'avait pas cette dégaine sombre et machiavélique, seulement la partie mystérieuse. Mais tout s'éclairait, s'il m'avait demandé de venir ici, c'était pour éviter la foule, éviter de se faire repérer et de se faire prendre. Ce que je comprenais dans un sens.

Ce qu'il hésitait à me dire, c'était ça ? Qu'il était l'un des commandants d'un groupe terroriste ? A vrai dire, je ne savais pas réellement quoi lui répondre. La plupart des gens ne l'aurait pas cru, pourquoi ? Parce qu'il y a, dans notre société une part de gêne lorsqu'il s'agit de dire les choses comme elles sont, c'est-à-dire qu'un terroriste ne dirait pas à haute voix comme ça, qu'il en est un. De ce fait, s'il décide de le dire, les gens ne le croiront pas, c'est comme ça. J'en conclus donc que je ne suis pas une fille ordinaire ? Je le croyais, fortement, il n'avait pas de raison de me mentir ou de m'intimider, puis je suis ce genre de fille qui croit tout ce qu'on lui raconte, qui serait prête à croire aux contes de fées. J'enlevai doucement ma main de mon front, tentant tant bien que mal de plonger mon regard dans le sien, pour lui montrer que je n'avais pas peur et qu'il pouvait être ce qu'il voulait, tant que cela ne m'affectait pas au plan physique.

Bon, aussi, il a un drôle de prénom. Chlod.. ouigue ? Chlodvije ? Chlodvigue ? Rah, je n'en avais strictement aucune idée, je n'arrivais pas à le prononcer comme il l'avait fait. En même temps il devait être de nationalité allemande, ou suisse, ou un truc du genre vu la tête du prénom et l'accent qui allait avec. La deuxième réflexion qui me vint à l'esprit fut celle qu'il pouvait avoir un lien avec Michelle Pfeiffer, cette actrice dont les films me plaisaient tant. D'ailleurs, elle avait joué dans un film, inconnu du grand public parce qu'il n'est jamais sorti en salles, Stardust. Comme quoi, le monde est petit, s'il était mon étoile, alors rien n'avait été fait au hasard, ce qui me fit rire légèrement. Finalement, il était tombé sur la bonne personne pour dire ce genre de choses. Ma crainte se dissipait un peu, parce qu'il me faisait rire, et aussi car il passa sa main dans mes cheveux, me décoiffant délicatement, geste qui me rassura plus qu'autre chose, moi qui étais une trouillarde de service, je ne voulais pas fuir.

« - Mais tu n'as rien à craindre. Tout ce que je veux, c'est te protéger et faire en sorte que tu sois heureuse, je ne te ferais aucun mal. »

Le bonheur, une notion abstraite. Comment pouvais-je savoir ce qui me rendrait plus heureuse ? Je n'avais rien à gagner, rien à perdre, sauf si quelqu'un me prouvait le contraire. Peut-être le pourrait-il, qui sait. Je ne voyais pas non plus de quoi il pouvait bien me protéger, déjà, étais-je en danger ? Pas à ma connaissance, sauf si ce rendez-vous m'avait attiré plus de soucis que prévu, chose dont je n'étais pas encore au courant. Chlodwig me faisait penser à un enfant, je ne sais pas pourquoi. Un grand enfant. A cause de son visage enfoui, le fait de se cacher et en même temps de vouloir tout réussir, de vouloir me faire sentir en confiance.

« Je t'appellerai Chlo alors. On m'appelle Kara. »

Chlo, c'était bien, suffisant et ça donnait un côté amical, si c'est ce qu'il voulait. Toutes mes peurs qui étaient là au début, partirent d'un coup, c'est dur d'exprimer ce que je ressentis à ce moment, mais mon coeur se remit à battre normalement, quoi que ma respiration était toujours un peu saccadée et je garde cette boule au coeur qui m'étouffe. Je crois que c'est sa présence, parce que, comme il me l'a dit, c'est mon étoile. Nous sommes liés, et il est normal que cela m'affecte. Pourtant, c'est vraiment puissant, plus que je ne l'aurai imaginé. Ou alors, c'est simplement parce que j'ai peur de mal m'y prendre, de le froisser, d'anéantir tout ce qu'il essaye de construire. Malgré mon jeune âge, je ne suis pas une idiote, je sentais bien qu'il faisait tout pour communiquer.

En parlant de mal-être, je vérifiai soudainement que ma boîte de médicament était toujours dans ma poche et qu’elle n’avait pas chuter en chemin, ce serait fâcheux. Je décrochai de son faciès et entamai une recherche frénétique dans les poches de mon manteau gris, que j’avais dû salir au niveau du fessier en m’asseyant sur la tombe. Je farfouillai les moindres recoins, pour la retrouver dans la poche intérieure. Je l’empoignai discrètement, comme si c’était la chose la plus précieuse au monde, ce qui était le cas en fait, et murmura à l’attention du blond, lui qui voulait me retrouver, qui l’avouait, qui voulait mon bonheur.

« Tu penses que.. me protéger est ton devoir ? »

J’étais touchée par son attention. Je me retenais depuis un certain temps déjà, mais je ne pouvais plus les contenir. Des larmes coulaient sur mes joues rosies, elles étaient à peine visibles mais bien nombreuses. Je n’étais qu’une pleurnicheuse, je mélangeai dans celles-ci de l’admiration et de la peur. La peur d’être prise dans un mauvais piège et de me faire avoir, une fois de trop.

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MessageSujet: Re: La lumière et son reflet | Kara   La lumière et son reflet | Kara EmptyJeu 18 Fév - 4:11



La lumière et son reflet


Chlodwig n'a pas peur. Il pourrait pourtant : l'humaine avec laquelle il est lié semble apeurée, ce qui semble être une réaction appropriée aux déclarations qu'il venait de faire. Mais, selon lui, elle n'était pas quelqu'un avec des tendances suicidaires. Sinon, elle aurait agit différemment plus tôt, avec le morceau de papier.  Et, s'il était vrai qu'il se mettait lui-même en danger en avouant tout cela, le comptait bien sur le reste de la conversation pour manipuler les pensées de son étoile autour du crépuscule si besoin était. Et, dans le pire des cas, il la kidnapperait.



Mais il ne pensait pas devoir aller aussi loin. Elle n'était que... Qu'une gamine ? Adorable et ravissante, certes. Mais, au fond, elle n'oserait pas se mettre en danger en allant voir la police, n'est-ce pas ? Ou peut-être que si, en fait. Il verrait bien en fonction de la suite de leur rencontre, s'il avait la chance de ne pas être interrompu au milieu de celle-ci. Tous ces doutes habitaient Chlodwig mais il espérait tout de même qu'ils n'étaient que folie et que rien de tous les scénarios négatifs qu'il pouvaient imaginer n'arriveraient. Il était plus réaliste de penser que ça irait quand même tant qu'elle ne s'enfuyait pas en courant.



Et, pour l'instant, elle n'est pas en train de le faire. Elle est juste par terre, ayant l'air terriblement... petite. Et frêle aussi, comme si sa vie pouvait être soufflée aussi simplement que ça. Ce qui était sans doute vrai mais il était là. Et il la protégerait. Et il la rassurerait. Et, puisqu'il était généreux et qu'il aimait aider les gens, il la rendrait heureuse. C'était pourquoi il était en train de tapoter sa tête après l'avoir décoiffée un peu, pour la rassurer, la mettre en confiance. Et aussi parce qu'il en avait envie. Mais, ça, c'était un autre problème en fait.



Là, il souhaitait juste l'entendre un peu. Savoir qu'il avait pu apaiser un peu sa peur avec son sourire, suffisamment pour qu'elle ait le courage de se présenter, de continuer à parler. De donner à cette rencontre humain-étoile un caractère plus chaleureux, plus convivial, que celui que lui, le terroriste, avait décidé de lui donner. Sauf qu'il n'avait pas vraiment décidé grand chose. C'était par nécessité qu'il lui avait donné rendez-vous dans un tel endroit - même s'il s'était révélé être magnifique. Et c'était encore par nécessité qu'il avait dévoilé son identité. Afin qu'elle prenne conscience des risques, qu'elle soit capable de mieux appréhender la situation. Et de pouvoir discuter sereinement avec elle, sans avoir à maudire ce lien plus qu'il le maudissait déjà. Qu'il n'aime pas le lien humain-étoile ne l'interdisait pas d'essayer d'apprécier au moins le sien.



« Je t'appellerai Chlo alors. On m'appelle Kara. »



Il n'avait rien à redire du tout à la manière dont elle voulait l'appeler donc il hocha rapidement la tête pour signifier qu'il était d'accord. Après tout, il s'en fichait pas mal de la façon dont les gens l'appelaient tant que ce n'était pas quelque chose qui avait des connotations négatives. Au fil de ses voyages, il avait rencontré bien des personnes et pouvait aisément imaginer la difficulté que l'on pouvait avoir à prononcer un nom emprunté à une langue inconnue, jamais pratiquée ni entendue. Quelque chose de distant, une sorte de mélodie étrangère que l'on n'arrivait pas bien à percevoir, faute d’habitude. Il l'avait vécu alors il était naturel que d'autres le vivent aussi. Et puis, au fond, il aimait bien ça, « Chlo ».



Ce qui l'intriguait, par contre, c'était la façon dont elle parlait de son nom. Au lieu de dire qu'elle s'appelait Kara, ce qui était probablement la façon la plus naturelle de se présenter, elle l'avait annoncé comme si c'était quelque chose qu'on lui avait offert, ce nom, plus que qu'une chose à laquelle elle s'identifiait elle-même. Ou peut-être qu'il réfléchissait trop, c'était possible aussi. De toutes façons, il ne poserait pas de questions là-dessus. Si elle lui avait donné un surnom, il saurait s'en apercevoir. Et s'il y avait une raison pour laquelle elle avait employé une tournure de phrase étrange comme celle-ci - si ce n'était tout simplement pas un problème de coutume ou d'éducation - il l'apprendrait sans doute un jour. Il avait le temps.



En tout cas, ce prénom - ou ce surnom, il ne savait pas vraiment - lui allait. C'était facile à prononcer et facile à retenir. Petit et passe-partout. Un petit peu comme Kara elle-même d'une certaine façon. Ce petit bout de femme qui s'affairait devant lui, fouillant un peu son manteau sans qu'il ne sache trop ce qu'elle espérait y trouver, le laissant dans le doute. Était-ce quelque chose dont il devait s'inquiéter ? Probablement pas, même si son côté prudent lui soufflait qu'il valait peut-être mieux, effectivement, faire attention, s'y arrêter. Questionner, faire attention. Ou peut-être que c'était juste là un moyen d'effectuer un geste familier pour gagner encore un peu de courage et continuer à parler, comme dans un murmure.



Et au diable la prudence. Ce n'était pas de Kara dont il fallait avoir peur après tout. C'était des alentours, de la police qui pouvait toujours surgir d'un moment à l'autre. Des gens qui auraient pu passer et, alertés par la scène, s’apercevoir de qui tu étais. Quoi que, dans ce dernier cas, il y aurait sans doute suffisamment de temps pour que Chlodwig puisse réagir, n'est-ce pas ? C'est pour ça que ses traits, qui s'étaient serrés l'espace d'un instant se relâchèrent. Ça allait aller. Tant qu'il ne s'approchait pas trop et qu'il faisait attention, aucun mal ne serait fait et tout s'accomplirait sans qu'aucun problème inopiné ne surgisse.



« Tu penses que.. me protéger est ton devoir ? »



La voilà, cette phrase, ce murmure qu'elle venait de laisser échapper. Une petite chose si éphémère et qui, pourtant, voulait tant dire. A commencer par le fait qu'elle s'ouvrait, ne serait-ce qu'un petit peu, acceptant les faits qui étaient présentés. Et qu'elle n'était pas contre ce lien entre Chlodwig et elle. Pas de cri, pas de protestation, juste une question toute simple, enfantine. Une question qui n'avait rien à voir avec tous les actes que Chlodwig avait pu commettre en tant que terroriste. Quelque chose qui lui réchauffait, ne serait-ce qu'un peu, le cœur et le mettait en confiance. C'était bien. Il allait pouvoir répondre, acquiescer. Lui promettre encore une fois de s'occuper d'elle - autant qu'il le pouvait - et d’agir en bonne étoile malgré son affiliation.



Mais il ne le fit pas. Parce qu'au bord des yeux de la jeune fille venait de goutter quelques larmes isolées, sans doute retenues depuis quelques temps qui vinrent silencieusement en accompagner d'autres. De petites perles liquides, peu visibles, qui furent bien vite noyées sous les gouttelettes d'une pluie qui venait finalement de démarrer, tout doucement, comme une berceuse, comme la chaleur qui s'échappait de ces larmes qui semblaient ne pas être que peur et choc. Et de ce charme mignon que dégageait la jeune fille.



C'était vraiment particulier de la voir comme ça, petite chose fragile, presque roulée en boule à ses pieds et pleurant sans qu'il n'y ait de peine, de tristesse qui se dégage de la scène. Juste une douce mélancolie née de l'odeur toute particulière de la pluie qui venait titiller les narines du jeune terroriste. Il aimait bien ce qui était mignon alors il trouvait la scène ravissante. Mais il ne pouvait pas se permettre de rester là à la regarder sans rien faire. Ni de l'embêter de manière à faire durer le spectacle d'une autre manière, plus créatrice que celle d'un spectateur qui, d'une certaine manière, se contente de consommer l’œuvre qu'on lui offre.



Alors il se baisse pour arriver à son niveau, plissant inélégamment son grand manteau d'un brun assez sombre. Il sourit. Encore. Décidément, il souriait beaucoup aujourd'hui. Comme tous les autres jours. Mais cette fois, il n'avait pas beaucoup d'effort à faire. Et, ouvrant ses bras, il englobe son humaine entre ceux-ci, en un étreinte qui se veut rassurante et amicale, tapotant légèrement son dos, comme pour l'encourager à vider ses larmes et, ce faisant, à reprendre calmement possession de ses moyens. Ce n'était pas grave si elle était troublée. Ce n'était pas grave si elle était un être doué de sentiments. C'était ça qu'il cherchait à lui transmettre. Et puis, une fois le geste accompli, sans bouger, sans le rompre, une réponse, enfin, douce et assurée.



« - Je te protègerais, bien sûr. Après tout, tu es mon humaine et je suis ton étoile. Même si je n'aime pas ce lien, même si je me bats pour rompre l'injustice qui est liée, ce fait est et reste tel quel. Mais ce n'est pas mon devoir, Kara. »



Sa tête est secouée un petit peu, dévoilant un peu plus son visage, permettant à ses yeux de rencontrer ceux de son humaine. De les fixer de ce regard bleuté qui ne lui voulait pas de mal et qui souhaitait juste réchauffer son cœur. Il n'avait pas de raison de lui en vouloir à elle. Pas non plus de raison de repousser la tâche qui lui avait été confiée. Même s'il se battait - et se battrait encore - pour mettre fin à ces liens qu'il détestait, il n'avait aucune raison de ne pas faire de son mieux pour bien le vivre. De ne pas construire quelque chose de positif avec ce qu'on lui offrait. De toutes manière, c'était plus pratique comme cela. Il n'y avait même pas à réfléchir.



« - Cette relation, si je le voulais, je pourrais l'ignorer. Je pourrais te ranger en sécurité au fond d'une cellule comme un vulgaire objet et vaquer à mes occupations. Mais, puisque tu es mon humaine, soit. Je ferais en sorte de te rendre heureuse. D'assurer ta protection autant que je le peux. Tu as ma promesse. »



Ces mots prononcés, soufflés presque, les deux orbes aux nuances célestes se firent plus froides. Se séparant du corps de la jeune humaine, l'étoile lui tendit la main pour l'aider à se relever. Son sourire bienveillant avait cependant quitté son visage, remplacé par une petite moue que l'on pouvait deviner sous ces tignasses blondes qui venaient de reprendre leur place. Malgré ce qu'il avait dit, il ne pouvait pas être partout. Il ne pouvait pas vraiment la protéger efficacement alors qu'il était recherché par la police. Surtout pas alors qu'elle semblait avoir des difficultés suffisamment importantes avec les technologies de communication pour ne pas pouvoir discuter avec lui, l'avertir de ses problèmes. Ça allait être compliqué.



« - Mais tu dois comprendre que je suis recherché. Et que si les gens viennent à comprendre ce lien qui nous unit, tu seras utilisée. Ne croit pas que les forces de l'ordre sont aussi innocentes qu'elle le paraissent lorsque l'on rêve de justice. Si tu ne peux pas communiquer avec moi, tu ne pourras pas m'avertir, pas me consulter. Et si tu viens avec moi, tu perdras ta liberté. »



C'était la réalité et il n'y pouvait rien. Autant détruire toutes les illusions tout de suite. Oui, il allait l'aider. Oui, il allait faire son possible pour elle. Mais tout ne reposait pas sur ses épaules. Elle aussi, elle avait des choses à cacher, à protéger. Des efforts à faire. Des choix devant elle. Et ce n'était pas en croyant aux contes de fées et en se disant que tout finirait forcément bien que tout s'arrangerait. Le temps de l'enfance était fini. Le monde, le vrai, n'était pas aussi innocent et doux qu'on pouvait le croire. Il fallait se battre pour vivre.



« - Désolé, Kara. Je te le répète encore : je te protègerais. Mais tu dois prendre conscience du fait que tu viens d'être trainée dans un monde où l'innocence n'existe plus. Que les choix de l'étoile divine pour nous deux viennent de mettre fin à ton enfance, si elle se poursuivait encore.»



Qu'allait-elle dire ? Comment allait-elle réagir ? Chlodwig ne le savait pas mais, après ce qui s'était passé, il était serein. Elle n'allait pas lui créer d'ennui de façon impulsive, du moins pas tout de suite. Ses pensées étaient focalisées sur Kara mais il observait encore et toujours ses alentours. Et, prenant enfin réellement conscience de cette pluie qui s'était installée, qui allait empirant, pointa un petit endroit abrité du doigt, comme pour suggérer de s'y rendre. Et d'abandonner cette tombe ce qui étrangement, lui déplaisait un petit peu.



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MessageSujet: Re: La lumière et son reflet | Kara   La lumière et son reflet | Kara EmptyDim 21 Fév - 14:37



La lumière & son reflet.

Où iras-tu ?

Chlodwig and Kara.



S'il y a bien un sujet sur lequel je suis incapable de m'exprimer, incapable de répondre correctement, c'est bien sur l'enfance. Du moins, la partie de ma vie qui aurait dû correspondre à ça. L'enfance, une petite partie de temps qui pourtant vous forme à vie, ça peut paraître bizarre étant donné que la majeure partie de nos souvenirs infantiles est passée à travers de notre conscience, ils sont plutôt dans l'inconscient, on les utilise incessamment sans s'en rendre compte. Ils nous ont formés. Ils ont fait de nous des individus à part entière.

Alors bon, l'enfance qu'est-ce ? En principe, on y regroupe tous les enfants qui jouent, s'amusent, rigolent au gré du vent, profitent de leur innocence pour poser les questions tabous, profitent de leur visage angélique et de leurs joues rondes pour pleurnicher à chaque fois qu'on leur refuse un caprice. C'est pour cela, qu'à première vue, je suis une gamine. Mais ça n'a rien à voir. Rien du tout. Ce n'est pas mon enfance qui continue, car elle n'a jamais commencée.

Si un jour quelqu'un venait à me dire que vivre enfermée dans un laboratoire à regarder à travers les vitres teintées les autres enfants se balader jusqu'à l'école est une enfance digne de ce nom, je crois que je l'atomiserai sur place. Je ne vais pas dire que cette vie m'a déplut, je n'ai jamais connu autre chose. Aussi étrange soit-il, si j'avais su ce que procurait comme sensations une enfance normale, peut-être l'aurais-je demandé. Toutefois, je n'en savais strictement rien, alors que demander de plus que ce que nous avons déjà ? Je pense que vous voyez où je veux en venir.

Je ne suis pas à plaindre, à lamenter. J'ai apprécié les choses à leur juste valeur et je ne regrette rien. Je n'éprouve pas de haine contre les familles d'accueil, contre les scientifiques, juste de la gratitude pour finalement m'avoir aidé tout au long de ces années. M'avoir élevé comme leur fille et de ne pas m'avoir laissé comme une vulgaire expérience. Ce qu'après tout, j'étais.

Les larmes coulaient d'elles-mêmes, sans que je ne puisse les arrêter, elles dévalaient mes joues comme les roches trempées par une cascade. Il y avait sûrement dans mon acte, une once de honte, de gêne face à mon prénom. Qui suis-je ? Comment je m'appelle ? Kara. Mais qui est Kara ? Ce n'est pas moi. Ce n'est pas un nom officiel. Je n'ai pas de nom officiel. Kara c'est la seule chose qui me raccroche, justement, à mon enfance. A celui qui m'a fait comprendre que la confiance d'une personne valait la reconnaissance de centaines.

"Resaissis-toi Kara. Tu te ridiculises là". Merde, pourquoi ça arrivait toujours dans ce genre de moment, ces moments où il fallait un minimum de sérieux, où le danger pouvait surgir de nulle part. J'essuyai lamentablement avec la manche de mon manteau l'humidité naissante au coin de mes yeux. Sans que je n'aie le temps de me redresser, de faire en sorte de me canaliser, l'homme à la masse blonde replie son manteau plus long que le mien, foncé comme l'écorce mouillée et se baissa à mon niveau. Je sentais, malgré mes larmes, son odeur si agréable et réconfortante. Il m'entoura de ses bras, ses grands bras qui couvraient mon corps intégralement. Il sentait bon, réellement bon. Un mélange de rose et de lessive, une peluche ambulante dans laquelle je ramenai ma tête. Ses doigts tapotèrent au niveau de ma colonne vertébrale, doucement, gentiment.
Il faut croire que le tissu qui le protégeait du froid possédait des vertus apaisantes, mes peines avaient cessé de s'exprimer, je gardais seulement les yeux rougis et le visage gonflé. C'est le moment qu'il choisit pour répondre à cette question, quelque peu idiote que je lui avais posée. Il avait ce don, de parler avec assurance sans pour autant être agressif, un homme admirable. Inimitable.


« - Je te protègerais, bien sûr. Après tout, tu es mon humaine et je suis ton étoile. Même si je n'aime pas ce lien, même si je me bats pour rompre l'injustice qui est liée, ce fait est et reste tel quel. Mais ce n'est pas mon devoir, Kara. »

Je n'avais pas remarqué, depuis le temps que je restai plantée là, ses yeux. Depuis le début, je ne m'intéressais qu'à son sourire spontané qui sortait du lot, mais sous sa tignasse trônaient deux billes d'un bleu profond, un bleu qui tendait vers celui de la nuit plus que celui de la mer. Un bleu agréablement surprenant, qui me mit mal à l'aise par sa beauté. Je cachai mes joues de ma main, elles rougissaient lentement mais énormément. Il était... différent des autres. Un drôle de mystère qui m'entourait et avec qui, j'étais a priori lié.

A vrai dire, le lien entre les étoiles, entités tombées du ciel d'après la légende, et les humains, ô pauvres âmes que nous sommes, ne m'avais jamais paru comme une évidence. Pourtant, à y réfléchir, à l'entendre, je me rendais compte de l'absurdité de la chose. Comme si la vie d'un humain devait être dirigée par celle d'une étoile. Comme si la vie d'une étoile reposait sur celle d'un humain. Oui, ce n'était pas son devoir de me protéger. C'était un choix. A voir la tombe sur laquelle j'étais assise, il fallait bien se douter que certaines personnes n'avaient vraisemblablement aucun scrupule à se laisser mourir, quitte à en faire mourir une autre.

Mes pensées peuvent paraître contre nature, contre l'instinct mais, je crois qu'au fond Chlo avait une bonne raison pour faire parti de ce groupe, du Crépuscule. Les étoiles ne devraient pas sortir de leur cocon, elles devraient rester en paix là-haut. Et en plus, dès qu'elles se retrouvent au sol, elles doivent subir ce sort. Elles sont prisonnières d'un autre, et n'y peuvent rien.

« - Cette relation, si je le voulais, je pourrais l'ignorer. Je pourrais te ranger en sécurité au fond d'une cellule comme un vulgaire objet et vaquer à mes occupations. Mais, puisque tu es mon humaine, soit. Je ferais en sorte de te rendre heureuse. D'assurer ta protection autant que je le peux. Tu as ma promesse. »

Exactement comme je l'avais prédis, à croire que mon esprit concorde avec le sien. Ses paroles firent s'envoler son sourire et la chaleur de ses yeux. Tout s'évapora dans l'air du cimetière, d'un coup. Les commissures s'affaissèrent, les cheveux reprirent leur place de rideau et le bleu, qui auparavant réchauffait des coeurs, tendait à le glacer à présent. Il me présenta sa main rapidement, pour que je la saisisse et que je quitte cette stèle détestable. M'appuyant de l'autre sur le marbre froid, je me hissai jusqu'à son torse et détournai le regard vers la terre tassée. Il me déstabilisait, plus qu'avant.


« - Mais tu dois comprendre que je suis recherché. Et que si les gens viennent à comprendre ce lien qui nous unit, tu seras utilisée. Ne croit pas que les forces de l'ordre sont aussi innocentes qu'elles le paraissent lorsque l'on rêve de justice. Si tu ne peux pas communiquer avec moi, tu ne pourras pas m'avertir, pas me consulter. Et si tu viens avec moi, tu perdras ta liberté. »

Etait-ce dangereux de connaître Chlodwig Pfeiffer ? De s'attacher à lui ? De voir plus loin qu'une tignasse blonde et qu'un terroriste ? D'après lui, oui. La technologie me dépassait, je ne faisais aucun effort pour la surpasser et apprendre à l'utiliser convenablement, parce que j'étais seule et que je n'avais personne à contacter. La seule personne qui avait toujours été chère à mes yeux restait près de moi, des fois disparaissait et revenait. Jusqu'au jour où ce fut moi qui la laissa dans sa solitude.
Quelques gouttelettes frappaient mon manteau, le ciel s'était assombri, les nuages surplombaient la ville. Mieux valait être prudent. Redoubler de vigilance.

« - Désolé, Kara. Je te le répète encore : je te protègerais. Mais tu dois prendre conscience du fait que tu viens d'être trainée dans un monde où l'innocence n'existe plus. Que les choix de l'étoile divine pour nous deux viennent de mettre fin à ton enfance, si elle se poursuivait encore.»

Ma gorge se noua. Depuis le début, ce rendez-vous n'avait qu'un but précis : me faire choisir. Le bien ou le mal ? La haine ou l'indifférence ? C'était un piège, sans en être un, juste un besoin qui se faisait ressentir à présent que le contexte était posé. Allez Kara, penses-y. Qu'est-ce qui te fait douter ? Tu es une fille bien pourtant, tu ne devrais pas suivre cet homme. Je ne le connaissais que depuis peu, et pourtant...

Chlodwig ne ressemblait en rien, physiquement, à l'homme que j'avais toujours considéré comme mon seul ami sur terre. Rien de Calypso. Ni les mèches bleutées, ni ce visage un peu carré, ni cette carrure quelque peu imposante. Néanmoins, c'était presque les mêmes au niveau du mental. Des hommes se cachant sous une carapace, de cheveux pour Monsieur Pfeiffer en l'occurence, et une gentillesse inégale. C'est pour ça que mon coeur s'emballait ? Parce que j'avais trouvé quelqu'un en qui faire confiance ? Quelqu'un qui pouvait m'aider ?

Depuis mon arrivée à Hoshikami, depuis que j'avais abandonné la seule famille, grand mot certes, qui me restait, je n'avais pas de but précis. J'errai comme une âme en peine ici, tentant de trouver un objectif, quelque chose pour me faire vivre avec ambition et ardeur. Les cours n'avaient pas grand intérêt sans envie par la suite, les amis c'était une histoire de commodité : jamais personne n'avait été mon ami à l'école, alors cela me bloquait légèrement. Finalement, mes journées n'étaient qu'une perte de temps. Une sublime perte de temps.

L'ondée s'empira d'un coup, claquant sur chaque feuille de cerisier et sur les pierres qui sonnaient alors comme des balles tirées en rafale. J'aimais bien la pluie, c'était amusant, on pouvait sauter dans les flaques, se mouiller les cheveux et tenter d'attraper avec sa langue les quelques gouttes que l'on pouvait, pour ensuite boire.
Le terroriste, un peu barbare comme nom, désigna un petit abri non loin, c'était sous ces maisons en pierres, majestueuses et magnifiques, qui abritaient souvent des familles entières.

J'acquiesçai d'un signe de tête et il entama la marche jusque sous le porche, je le suivais aveuglément. Chaque pas laissait sa trace dans la terre qui juste après, reprenait sa forme initiale, telle une pâte élastique qu'on tentait de déformer en vain.
Une fois dessous, je me maintenais contre un des piliers, le dos caressant les rainures et m'essorant tant bien que mal les cheveux, jetant des coups d'oeil à l'homme, impassible. Cela me dérangeait de ne rien dire, ma timidité était maladive, le pauvre avait tenté de mener la discussion et je ne faisais rien pour aider.

« Je… Je… »

Non, je rien-du-tout, je bredouillai simplement ce foutu pronom. En fait, je repensais sans cesse au fait qu'en le suivant, je pouvais perdre ma liberté. Ma main parcourait mon cuir chevelu, reprenant quelques mèches pour les coincées dans la queue de cheval que je venais d'effectuer d'un geste habile. C'était quoi la liberté ? Ça se mangeait ? Certes, j'étais libre d'effectuer les mouvements que je voulais, quand je voulais, de boire un jus d'orange à la place d'un jus de pomme, de regarder un téléfilm plutôt qu'une série. Mais la liberté n'a pas d'intérêt si elle n'apporte pas le bonheur.

Le bonheur m'avait toujours envahi, était toujours en moi. J'étais une gamine pleine de joie de vivre, souriante et qui aimait rire de tout et de rien. Et je n'avais jamais vraiment eu de liberté. Le laboratoire, les familles, tout impose ses règles, ses contraintes et pourtant, jamais je ne ressentais ce besoin de m'échapper. Parce qu'ils m'apportaient ce dont j'avais besoin, à quelques exceptions près.

« Je n'ai jamais été libre, mais j'ai toujours été heureuse ».

Sur un coup de tête, je m'approchai de lui et empoignai sa main, beaucoup plus grande que la mienne. Mes doigts formèrent des petits crochets au niveau de sa paume et mon regard fuyait le sien. Je ne voulais plus rester seule, je voulais quelqu'un pour veiller sur moi, pour me comprendre et m'apporter ce que je n'avais plus.  Il me rassurait, je me sentais bien avec lui, et je voulais continuer à l'être.

« Que tu sois un terroriste ou quelqu'un d'autre, je te suivrai, Chlo. »


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MessageSujet: Re: La lumière et son reflet | Kara   La lumière et son reflet | Kara EmptyLun 22 Fév - 23:38



La lumière et son reflet


Kara hocha doucement la tête, répondant à la demande subtile qu'il lui avait fait. Elle ne répondait pas encore, réfléchissant sans doute, mais elle le suivait jusqu'au porche qu'il avait remarqué un peu plus tôt, là où la pluie les attendrait moins. Pas qu'il n'aimait pas ces gouttes qui tombaient du ciel devant lui, mais rester en dessous pouvais s'avérer dangereux pour la santé. Et il n'avait pas vraiment envie de courir le risque pour l'instant, alors qu'il n'avait rien d'autre à faire que discuter avec cette humaine à laquelle il était lié et qui, muettement, le suivait, l'acceptait à sa façon puisqu'elle ne s'enfuyait pas.



Il ne s'inquiétait pas de son silence. Lui demander de savoir quoi répondre, quoi lui dire était une absurdité s'il ne lui laissait pas le temps de réfléchir. C'était d'ailleurs ce qu'il lui avait demandé de faire : réfléchir, puis parler. S’apercevoir des difficultés qui se mettaient en travers de leur relation, des dangers qu'elle impliquait et des secrets qu'elle allait devoir garder. De tout ce poids qui venait d'être jeté violemment sur ses épaules sans qu'elle n'ait rien demandé, rien voulu. Mais au moins, elle savait. Si l'on venait après elle - chose qu'il n'espérait pas - elle saurait pourquoi. S'il ne pouvait la voir fréquemment, la protéger autant qu'il le devrait - qu'il le voudrait, plutôt - elle saurait également pourquoi.



Tout était la faute du Crépuscule, de cette organisation terroriste qu'elle n'appréciait sans doute pas - c'était naturel après tout. Cette organisation avait volé des vies, perturbé le bon fonctionnement de la société dans laquelle elle vivait et, tout d'un coup, elle s'était immiscée dans sa vie privée, la mettant en danger sans lui laisser le choix. C'était presque un miracle qu'elle réagisse bien et qu'elle n'essaie pas de le frapper en hurlant, de fondre en larme tétanisée ou quelque chose comme ça. Elle avait été choquée. Elle avait pleuré. Mais ça allait. D'une certaine façon elle était courageuse, prête à affronter l'avenir sans savoir ce qu'elle y trouverait, prête à accepter le présent qui lui avait été imposé sans chercher à le nier.



Elle tenta de parler, sans arriver à formuler de mots, ce qui n'était pas grave. Chlodwig attendrait encore un peu, malgré le danger. De toutes façons, maintenant qu'il s'était mis à pleuvoir, ils auraient plus de chances d'être en sécurité. Alors il pouvait attendre, lui laisser le temps de réfléchir, de trouver une réponse. Ce qu'il ne pourrait faire, par contre, c'était la laisser partir comme ça, sans pouvoir être capable de la contacter. Elle n'était probablement pas capable de le faire alors comment allait-il faire ? Devrait-il lui expliquer le fonctionnement d'un téléphone et prier pour être capable de lui en offrir par l'intermédiaire d'un des autres membres du Crépuscule ? Ce choix lui paraissait dangereux mais il n'avait pas forcément non plus envie de l'enlever le temps de s'occuper de tout cela, ce serait bizarre. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Au même moment, Kara répondit enfin.



« Je n'ai jamais été libre, mais j'ai toujours été heureuse. »



Le jeune terroriste ne s'attendait pas à une telle réponse et ses sourcils se froncèrent légèrement. Qu'entendait-elle au juste par le fait de ne jamais avoir été libre ? Parlait-elle de cette emprise que pouvaient avoir les autres et la société sur la vie d'un être ? De quelque chose de plus profond ? Qu'elle ait été heureuse ou  non, la phrase l'intriguait et il lui aurait demandé des explications s'il n'avait pas été surpris une fois encore par le comportement de la jeune fille.



Elle était à présent là, à côté de lui, et tenait sa main dans la sienne, comme si elle cherchait à se rassurer, à rajouter quelque chose. Ou, tout simplement, sa présence à lui, son étoile, qui, malgré tout, l’apaisait peut-être ? Il espérait que ce soit quelque chose comme ça, malgré son regard, fuyant le sien - même s'il n'était pas vraiment visible - comme si un malaise était toujours présent, une barrière entre eux qui ne s'écroulerait pas comme ça, juste parce qu'il - ou elle - le voulait. Et c'était compréhensible.



« Que tu sois un terroriste ou quelqu'un d'autre, je te suivrai, Chlo. »



Il lui fallu répéter cette phrase dans son esprit pour en saisir le sens et comprendre que Kara l'avait effectivement prononcée et qu'il ne l'avait pas tout simplement rêvée tellement elle lui semblait anormale. C'était la réponse la plus simple, la plus logique à partir du moment où elle parvenait à s'oublier, à décider de laisser tout son passé de côté pour se construire un futur.



Mais le futur qu'il lui proposait, lui, était bien incertain. Certes, il l’entraînait dedans qu'elle le veuille où non mais il aurait été plus sain pour elle de laisser les choses se faire autrement, plutôt que le suivre. Et le suivre... Cela ne voulait pas dire qu'il allait la kidnapper pour la protéger, la mettre à l'écart. Cela voulait dire qu'elle voulait être derrière lui - à ses côtés - et avancer avec lui. Lui, un étranger. Étoile, certes, mais étranger tout de même. L'idée que cela puisse être un piège lui effleura l'esprit mais il la laissa s'échapper. Ce n'était que peu vraisemblable. Et il pourrait vérifier.



« Soit. Mais il n'y aura pas de marche arrière Kara. La société ne m'accepte pas. Que tu me suives et nous rejoigne ou que tu me suive sagement pour rester enfermée, le monde te considèrera coupable. Coupable de m'avoir suivi. »



Chlodwig lui adressa un sourire. Il ne lui reprocherait pas de le suivre, de venir avec lui. Si elle voulait passer une bonne partie de sa vie chassée par le reste de la population, il ne l'empêcherait pas. Parce que ce n'était pas la mettre plus en danger qu'elle ne l'était déjà, au contraire. Il pourrait être avec elle, la surveiller, s'occuper d'elle. Bref, il pourrait accomplir son travail d'étoile, tout en luttant pour se débarrasser de ce lien qu'il n'aimait pas. Mais qui ne l'empêcherait pas d'en lier un autre, un vrai avec Kara. Ou peut-être pas. Après tout, même s'il les appréciait, s'il aimait leur présence, il sentait toujours en lui une certaine distance à l'égard de la plupart des gens qu'il connaissait, ce qui était dommage. Il verrait.



Mais pour l'instant, c'était Kara qu'il regardait. Kara et ses yeux qui semblaient contenir un peu de détermination. Kara et sa main qui serrait la sienne, un peu fort, comme preuve de son désir, de sa sincérité. Ce qu'il avait dit n'était qu'accessoire. Maintenant qu'elle avait été jusque là, elle le suivrait, il en était convaincu. De toutes façons, même s'il lui avait laissé le choix, celui-ci n'existait pas. Dans tous les cas, elle aurait été coupable. Peut-être pas jugée coupable. Mais s'ils venaient à l'attraper, lui, Chlodwig Pfeiffer, alors son humaine en subirait également les conséquences. Et si le fait qu'elle était son humaine devenait apparent, elle serait utilisée contre lui, pour l'attirer et l'attraper, qu'elle le veuille ou non. Dans tous les cas, elle perdait sa liberté. C'était cruel mais c'était comme ça.



Il pleuvait encore mais ça n'avait plus d'intérêt. Si elle était prête à le suivre, il pouvait rentrer, l'emmener avec elle. Prendre quelques précautions pour qu'elle ne sache pas forcément où ils allaient, où ils seraient, ce qui servirait à déjouer les infimes chances qu'il s'agisse d'un piège. Discuter un peu avec elle, vérifier que tout est bon. L'accepter, l'intégrer. Lui faire découvrir son monde. Lui poser les questions qu'il avait à l'esprit, découvrir plus en détail qui elle était. Tout cela pourrait se faire une fois en sécurité. Il n'y avait plus aucun intérêt à ce danger de chaque minute.



« Mais puisque c'est ce que tu veux on y va. Ne t'inquiètes pas trop, je serais là. »



Main dans la main. Il commença à marcher sous la pluie battante. Il n'y avait toujours personne, aucun témoin de leur rencontre. Et pourtant, bientôt la nouvelle se rependrait sans doute. Mais ce n'était pas important. Rien de cela ne l'était vraiment. Il avait trouvé son humaine, enfin. Et celle-ci était avec lui, le suivrait, l'accompagnerait. Jusqu'à leur mort. D'une certaine façon, il se sentait bien. Et il espérait qu'elle aussi, qu'elle ne regretterait pas. Elle n'avait plus le choix, de toutes façons.



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MessageSujet: Re: La lumière et son reflet | Kara   La lumière et son reflet | Kara EmptyMar 23 Fév - 14:42



La lumière & son reflet.

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Chlodwig and Kara.



« Que tu sois un terroriste ou quelqu'un d'autre, je te suivrai, Chlo. »

Vous allez me dire que cette phrase est étrange. Elle l'est, c'est vrai. Même moi je ne sais comment j'ai fait pour arriver à dire une telle chose, c'est sorti tout seul, comme par magie, quelque chose que j'aurais voulu ne pas dire, quelque chose que j'ai pourtant avoué. Mais le pire, le pire du pire, c'est que je viens de dire ça à un parfait inconnu. Pourtant, dans ma tête cela me paraît logique. Déjà, pourquoi m'aurait-il fait venir dans un tel lieu, pourquoi m'aurait-il tout avoué si ce n'était que pour me rassurer ? Pourquoi se devait-il d'être si gentil ? Personne ne me fera croire que c'est ce lien étoile-humain qui le rend attendrissant à mon égard, j'ai bien compris qu'il le saoule plus qu'il ne l'apprécie, il le fait juste pour me savoir en sécurité, en somme c'est un peu comme me surveiller pour assurer sa propre vie. Je tenais sa main, doucement, sans l'agripper, juste une caresse pour lui dire que j'étais là, pour me persuader que j'avais fait le bon choix.

« Soit. Mais il n'y aura pas de marche arrière Kara. La société ne m'accepte pas. Que tu me suives et nous rejoigne ou que tu me suive sagement pour rester enfermée, le monde te considèrera coupable. Coupable de m'avoir suivi. »

Une décision, un choix. Celui de tout abandonner. D'abandonner le peu qui me restait, c'est-à-dire rien en l'occurrence. Si j'étais venue à Hoshikami c'était bien pour cela, pour refaire une vie meilleure, nouvelle et m'épanouir. La société est un concept assez étranger à ma personne, non pas que je ne sache ce que cela représente, simplement, je n'ai pas d'affinité particulière avec le fait de rencontrer du monde, de parler aux gens, d'être une personne amicale, la solitude ne me convient pas pour autant. J'aimerais juste pouvoir faire confiance à une poignée de personne, me sentir utile, être apprécie. Simplement. Je n'ai pas besoin d'un tas d'amis, de gens qui m'admirent pour ce que je suis, parce que je ne suis personne. Alors allais-je me sentir coupable d'avoir décidé de me procurer ce que je souhaitais ? Non. Jamais. Bien que je ne sache réellement dans quoi je m'aventurais, j'y crois. Je crois en un avenir meilleur, plus heureux.

Chlo m'adressa un sourire, comme pour me dire qu'il était d'accord que je vienne avec lui. Dans ce sourire, je lisais beaucoup, son visage me paraissait plus clair maintenant, même si les cheveux masquaient toujours la plus grande partie. Intriguant, amusant, attachant. Je voulais rester avec lui, pour une raison inconnue qui me poussait à le croire et à lui demander de l'aider. Pour un facteur au plus profond de moi, qui semblait m'indiquer que c'était la personne que je cherchais depuis le début. Mes doigts se refermèrent sur le dos de sa main, mes ongles s'enfonçant un peu. Le désir et l'angoisse. Je ne devais plus y réfléchir, me persuader que j'avais fait le bon, ou le mauvais choix. Maintenant que tout était dit, il ne restait plus qu'à le faire, qu'à marcher derrière lui en silence.

« Mais puisque c'est ce que tu veux on y va. Ne t'inquiètes pas trop, je serais là. »

Tous deux nous partîmes sous la pluie, main toujours dans la sienne, nos pas restant dans la boue et nos sourires mêlés dans cette atmosphère qui, depuis le début, avait changé du tout au tout. Les stèles ne me paraissaient plus que des décorations, les cerisiers avaient repris leur magnificence, et Chlodwig Pfeiffer m'intriguait de plus en plus. Je voulais savoir comment il en était arrivé là, qui était-il au début, pleins de questions tout aussi futiles les unes que les autres qui me paraissaient néanmoins importantes, pour le connaître, pour bâtir une relation avec lui, avoir confiance et ne plus craindre l'extérieur. Être leur crainte. Peut-être que les gens penseront que je suis folle, que je suis insensée et que je me jette sous un train, mais qu'importe leur avis. Je reprendrais confiance en moi et je leur dirais qu'ils avaient tort, que ce chemin était le bon et que ce sont eux les fautifs. Pas moi.

Ce qui va se passer ne m'effleure pas vraiment l'esprit, je le sais, je le sens. Chlodwig me l'a dit et j'en suis consciente. Je laisse derrière moi toute cette vie, j'abandonne la Kara qui est une expérience pour une Kara vivante et humaine, tous ces visages rencontrés avec des sourires ne sont plus que des souvenirs, les cours ne sont plus que des vieux mythes. Mais je ne compte pas oublier mon caractère, je ne compte pas laisser mes habitudes se faire dévorer par d'autres. Je reste Kara, une Kara différente certes. La petite brunette arpentant les rues à toute allure n'est qu'une légende, la timidité me ronge toujours, mes peurs me hantent encore, mais je serais forte. Pour prouver que je n'ai pas fait d'erreur. Pour prouver à Chlodwig que je suis digne de rester à ses côtés, que j'évoluerais.

La porte en fer noire du cimetière se referma derrière nous, grinçant sous l'ondée. Je jetai un dernier regard à la tombe où je l'avais rencontrée. La lumière et son reflet. Certains se détestent-ils ? Certains provoquaient-ils la mort de leur associé ? En regardant le grand blond, je me disais que le Destin m'avait quand même donné quelqu'un d'admirable, de gentil et de respectable malgré son affiliation. Affiliation qui ne me terrorisait plus à présent. Vers laquelle ses pas me traînaient. Finalement, je n'avais emporté qu'une boîte de médicament, toutes mes affaires étant restées à l'académie. Je m'en fichais. Ce n'était plus important. Je me laissais emporter par l'homme, fermant les yeux et nous disparûmes dans un coup de vent glacial, dans les rues d'Hoshikami.

Toi, nouvelle vie parsemée d’obstacles et de mésaventures, tu seras mon nouveau rêve.


END.

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