destruction de preuves || pv. hu li

Comme on dit, une expérience peut toujours déraper. C’est pour ça que c’est une expérience ; quand on passe de la théorie à la pratique, il y a toujours la probabilité que ça finisse mal. On n’est pas infaillibles, hein. Et même si on étudie un sujet à fond, même si on devient expert dans son domaine, ça peut arriver de se planter.

Bref, quand ça arrive, il faut quelqu’un pour arranger les choses, quelqu’un pour nettoyer. Quelqu’un genre moi, quoi. Vers trois heures du matin, j’ai commencé à préparer tout le nécessaire à ce grand ménage ; j’ai chargé trois pelles dans la voiture, une pour moi, une pour mon collègue, et la troisième au cas où, puis j’ai balancé le paquet emballé dans des draps sales dans le coffre. N’empêche, je croyais que Junjie ferait les choses plus proprement ; là, le corps pue, et quand on me l’a remis, je l’ai enveloppé du mieux que j’ai pu pour ne pas salir la voiture. Il est pas en très bon état, si vous voulez mon avis. Et bien je ne sais pas quel genre d’expérience il a subi, celui-là, mais j’aurais pas aimé être à sa place. Voilà.

Enfin, ça me saoule quand même que mon coéquipier m’ait laissé tomber, et que j’aie du faire les préparatifs seul. C’est pas dans mes habitudes d’obéir et de coopérer sagement comme ça. J’ai même dû conduire seul jusqu’au point de rendez-vous, pour suivre les directives et les horaires fournies afin de mener à bien l’opération. Et je me retrouve donc maintenant au milieu de la forêt. Il est quatre heures treize. Je m’emmerde, et je me sens moyennement à l’aise. Imaginez si le cadavre se mettait à parler d’un seul coup. J’pense que ça me plairait pas. Vivement qu’on l’enterre. Peut-être qu'on ferait mieux de le brûler ? Ok, ça ferait de la fumée et tout, ça pourrait attirer l'attention sur nous, mais au final il ne resterait rien.

(hrp: lawl j'ai mis tellement de temps à répondre que t'as eu le temps d'aller en taule)

ft.
Benjamin

« doing the dirty work. »

www ill factor - the rooks

Bruh.
Hǔ, c’est le chef. Non, pas le chef. LE chef. THE chef. Celui qui prend les décisions, celui devant lequel les stagiaires, petites créatures faiblardes, baissent les yeux. Celui dont la tête vaut plus cher que ta maison. Et que celle de ton voisin. Et que celle de ton autre voisin. Réunies. Oui monsieur, Hǔ, c’est cet homme-là. L’incarnation du pouvoir au sein du Crépuscule.

Mais, comme un grand philosophe des temps modernes l’aura dit, avec un grand pouvoir vient de grandes responsabilités.

Comme par exemple, devoir se traîner l’arrière train au fin fond de la forêt, à une heure de la nuit où les gosses rentrent de soirée avec la gueule embuée (si déjà ils arrivent à rentrer) et où les plus sages dormaient à poings fermés. Sérieusement, quand il avait entendu son téléphone sonner, à une heure déjà bien avancée de la soirée, et qu’il avait décroché pour entendre un « désolée chef, je crois que j’ai mangé un truc qu’est pas passé blablabla », il avait cru un instant qu’il allait péter un câble, crier à l’incompétence, mais il s’était vite rendu compte que ça n’allait pas vraiment faire évoluer la situation.

Il allait devoir trouver une solution d’urgence, remplacer cet enfant malade qui pourtant était assigné à une mission de la plus haute importance – se débarrasser d’un corps… enfin, des reste d’un cobaye de Junjie. Après un moment à s’être demandé qui il pouvait mettre sur le coup, il avait dû se rendre à l’évidence ; toutes les possibilités étaient déjà occupées.

Et c’est là que les grandes responsabilités entrent en jeu.

Hǔ avait mis ce qu’il faisait de côté, et été parti, en voiture, jusqu’au point de rendez-vous où étaient censés se rendre son sous-fifre malade et son coéquipier, pour disposer du cadavre. La route avait été un peu longue, et il espérait fort, très fort, ne pas tomber sur des flics qui décideraient d’arrêter un peu toutes les voitures sur la route à presque quatre heures du matin. Il dû s’arrêter plusieurs fois pour vérifier qu’il ne s’était pas planté de chemin, faire demi-tour une ou deux fois, et failli même abandonner au moment où il se trouva face à un mur surmonté de barbelés, qui semblait planté là sans trop de raison.

Fallait pas trop lui en vouloir, c’était pas trop son rôle à lui d’aller sur le terrain, surtout sur ce genre de terrain, si vous voyez ce que je veux dire.

Mais au final, il y arriva, à ce point de rendez-vous. Il regarda l’heure affichée sur la tableau de bord de sa voiture, n’ayant pas pris de téléphone par mesure de sécurité. Quatre heure vingt-quatre. Il haussa les épaules, et ouvrit la portière de son véhicule, hésitant un instant à prendre une arme, au cas où. Ce qu’il fit, l’attrapant de dessous son siège et la coinçant dans sa ceinture avant de sortir. Juste au cas où.

Il referma la portière une fois à l’extérieur, prenant soin de ne pas la verrouiller, toujours au cas où. Puis il s’approcha du second véhicule, et par la même occasion de celui qui allait lui servir d’équipier le temps que quelques heures. Sans même un bonjour, il lui fit un signe de la main, l’invitant à le rejoindre.

« Aller, faut commencer à creuser, au plus vite ce sera fait, au plus vite on pourra se barrer d’ici, on a pas toute la nuit malheureusement. Et j’espère que t’as rien de traçable sur toi, faudrait pas que les fed nous trouvent ici, sinon on est pas dans la merde mon gars. »

Et oui, quand t’es un criminel en fuite depuis plusieurs années, tu deviens vite un parano. Même si, certes, t’as toi-même filé ton numéro personnel à une flic mais ça, c’est pas pareil.

Sans hésitation, il se munit d’une pelle et commença à s’éloigner des véhicules. Surtout ne pas enterrer un corps exactement là où les traces de pneus s’arrêtent, c’était la pire idée à avoir.

Appuyé sur sa pelle comme s’il s’agissait d’une canne, Benjamin attendait que l’autre crépusculaire se pointe. Soupirant, il jetait de brefs coups d’œil à sa montre. A cette heure-ci, il aurait pu être en train de dormir, plutôt que de s’occuper des déchets. Son regard s’attardait quelques fois nerveusement sur la carcasse enveloppée dans des draps, pour finalement revenir se fixer sur l’aiguille des secondes. Presque impatient d’en finir pour pouvoir rentrer.
Enfin, le second véhicule arriva. L’attente n’avait pas été si longue, Benjamin, n’exagère rien. La portière s’ouvrit, et sans afficher sa surprise, Ben adressa un signe de tête en tant que salut à son supérieur, avant de le rejoindre.

« Rien de traçable. » répondit-il simplement, passant en revue dans sa mémoire s’il n’avait pas omis de détail primordial qui pourrait les trahir. Mais non, hein. C’est bon. Après un dernier regard en direction des véhicules, il se mit à marcher à la suite de Hǔ. De temps en temps, il s’arrêtait pour enfoncer son pied dans le sol, tester la souplesse de la terre, ou tout simplement pour se repérer. La forêt de nuit, c’était l’endroit idéal pour perdre tout sens de l’orientation. Trop sombre, trop vaste, trop silencieux. Benjamin avait entendu dire qu’on pouvait y croiser des gens malfamés aussi, des gens peu recommandables. Il eut un petit sourire en coin à cette pensée ; de toute façon, aujourd’hui, c’était eux, les plus inquiétants dans ces bois.

Finalement, la petite troupe s’arrêta, et Benjamin attendit confirmation de la part de Hǔ pour se mettre à creuser.
« Ici ? »
L’air sérieux, il considéra le terrain, afin de déterminer quelle était la meilleure zone pour commencer à creuser la fosse. Il planta sa pelle dans la terre, et commença ce qu’il savait être un travail long et pénible. Les premiers coups de pelle étaient faciles, mais il faudrait sans doute enterrer profondément ce qui restait des expériences ratées pour éviter qu’on ne les retrouve trop aisément.

« Il me semble qu’il y a plusieurs morceaux. On les enterre séparément, ou tout au même endroit ? » demanda-t-il d’un ton calme, voire détaché, comme si ça ne le concernait pas. A vrai dire, si ça n’avait été que lui, il aurait sans doute choisi de faire plusieurs trous, pour disperser les restes et les éparpiller, mais il fallait voir si le chef estimait que c’était faisable. Et que le temps ne leur ferait pas défaut ; le jour se lève tôt.

hrp:

» «Destruction is a way to do things in his own» [uc]
» I am the architect of my own destruction ♥ Nathanaël ♥