αυcυη яécσηғσят αρяès ℓ'εғғσят • ft. Fenrir Abe [ Terminé ]

Ses yeux se baissent - il l’avait vexé, pas étonnant. Son regard suit son corps jusqu’à ce qu’il ne s’enferme dans la salle de bain, son corps venant s’écraser sur le fauteuil après avoir entendu la porte se refermer en un bruit sourd. Journée fatiguante, tout était fatiguant, et l’apparition de cette étoile n’arrangeait rien, il était évident qu’il était tendu, Fenrir, lui qui était pourtant accoutumé à un tact et délicatesse sans noms à cause de son métier, comme quoi, peut-être que Minami avait raison conçernant la couleur que sa voix portait.

Ses bras se croisent - il se calme quelques minutes de finalement se lever pour nouer de nouveau son écharpe autour de son cou. Il se dirige vers la pièce où Keita se détendait et essaya de pousser la poignée - il s’attendait à ce que cette dernière soit fermée à double tour, mais ce roux semblait bel et bien suffisamment stupide pour la laisser ouverte en sa présence. Non, pas idiot - simplement ignorant de la persistance et audace du brun qui s’invita dans sa salle de bain.

Il ne lui jeta qu’un regard et s’adossa au mur en face de la baignoire. Ca va, fais pas ta chochotte, c’est toi qui est parti avant que j’aie le temps de te répondre. Il jette un bref regard à son corps et lève finalement les yeux autre part en souriant. Jolis tatouages. Il ne préfère pas s’attarder plus longtemps pour ne pas le mettre encore plus mal à l’aise et baisse finalement les yeux sur ses pieds.

Tu ne devrais pas être aussi susceptible. Je ne dis pas ça par méchanceté tu sais, mais plus car je.. m’inquiète? Je n’ai pas vraiment envie qu’il t’arrive encore une fois ce genre de trucs, pour ta sécurité et la mienne. De la même manière que je suis très prit par mon travail, et que j’aurais du mal à me concentrer en sachant que tu peux te faire agresser à tout moment. Temps, de pause, il soupire, cherchant ses mots. Et je ne dis pas que tu es faible ou autre, commence pas.

Sa main vient se nicher dans sa frange qu’il arrange un peu, ses doigts voilés de ce tissu obsidien retenant une mèche ou deux entre leurs bouts. Hmm.. Cependant, je n’ai pas non plus envie que tu saches te défendre. Égoïste. Mon rôle est de te protéger, au péril de ma vie et je me suis entrainé plus d’une décennie pour mener à bien cette tâche - ou plutôt ce devoir. Cependant, comprend que ce soit dur de m’y habituer, moi qui ai l’habitude de cette routine quotidienne boulot-dormir, je te prend peut-être pour un fardeau pour l’instant, mais ce serait bien qu’on ne parte pas sur de mauvaises bases si rapidement.

Ses prunelles azurées s’encrent dans l’ocre des siennes.
Pas vrai Keita ?

Deux mots, ayant une sonorité bien trop rêche à l’oreille de Fenrir. Il l’accuse de mentir - mentir sur quoi ? Il le fixe, hébété, les lèvres à demi entrouvertes. Et il poursuit, déclarant son égoïsme bien réel mais pourtant pas omniprésent, l’indignation prend place plus que l’incompréhension à présent, ses sourcils se froncent au fur et à mesure que son discours progresse, ses dents, sa mâchoire se crispe et se serre à chaque fois que ses mots trop audacieux franchissent le seuil de ses lèvres. Il l’a cru innocent, stupide et soumit, peut-être possédait-il les deux premières valeurs mais pour ouvrir sa gueule il était vraiment le chef, mettant à mal la patience et les nerfs du ninja qui étaient déjà à leur limite.

Tu me rabaisses depuis que tu es entré par effraction dans ma vie.

Ses yeux se plissent, il le regarde, le toise presque alors que ses ongles se plantèrent comme ils pouvaient dans sa paume. Self-control - il avait tellement l’habitude de se répéter ça face à des clients trop chiants, trop coriaces ou insolents, il ne perdait jamais son calme - olympien, magistral, il était fier de ce mental de fer qu’il possédait, de cette aptitude à savoir encaisser ce que le futur pouvait prévoir… Et pourtant, et pourtant, ce soir, quelqu’un failli le faire sortir de ses gonds. Il resta muet - peut-être cela-il était meilleur pour lui, il n’était pas du genre à jeter de l’huile sur le feu ou à aggraver les situations, mais il était tenté par une envie soudaine de le remettre à sa place pour lui apprendre qui décidait ici, même s’il était certain que cela n’était pas lui, lui et son soi-disant désir de supériorité face à la race humaine, ou même face à l’humain à qui il est lié.

Il aime l’Homme, il l’admire, tout le fascine comme tout le dégoûte, toutes ces sensations provoquent en lui un élixir de curiosité, une soif intarrissable face à cette espèce tellement spéciale et hors du commun, pour ne pas dire unique, seule entité dotée de volontée, conscience et seule créature capable de s’auto-détruire pour un but autre que de se nourrir… Oh qu’il l’aime, l’Humain qu’il a tant observé depuis cet éther galactique.

Le regard noir, il est tendu, Fenrir. Il n’aurait jamais imaginé que Keita puisse le mettre hors de lui à ce point, lui qui semblait si adorable et faible - tu viens de te trouver un nouveau défaut, Abe. Ne sous-estime pas les gens que tu ne connais pas, cela pourrait te causer bien de soucis.

Un soupir, il se tient l’arrêt du nez alors que son âme liée quitte une énième fois la pièce dans laquelle il venait de le rejoindre, et encore une fois, il essaie de se calmer pour ne pas imploser, parce que ce serait inutile et bête de céder à l’énervement pour des réactions tout à fait compréhensibles venant du jeune roux. Il essaie de se remettre en question, même si son encéphale lui criait, bombé de fierté que tout était la faute de Keita. Il reprend son calme et réfléchit, le pourquoi du comment il aurait pu réagir comme ça… Et ne trouve pas. C’est son droit, de ne pas l’aimer après tout, comme c’était le sien de le trouver stupide. Le coeur a ses raisons hélas, et les mots ne servent qu’à penser des plaies fraîches sans les guerir…

Son coeur se serre d’appréhension. Son corps passe la porte de la salle de bain, et c’est lentement qu’il se dirige vers la chambre du roux, à première vue entre ouverte. La main posée sur la porte, il la pousse plus ou moins lentement pour trouver l’horloger sur son lit. Un regard, bref, alors qu’il rentre à l’intérieur de sa bulle d’intimité pour fermer la porte derrière lui et s’appuyer contre, les mains dans le dos. Ses yeux cherchent un point indécis, traversent la chambre en prenant soin d’éviter ne serait-ce que la silhouette du japonais alors que son visage se teint lentement en un carmin flamboyant et honteux.

… Désolé. Soufflé - à peine fut-il audible. Ses yeux se baissent, oh qu’il détestait ce sentiment qui lui prenait à la gorge, la honte, l’humiliation de devoir s’excuser après fait un geste déplacé, pourtant une action si normale et.. humaine. Il la sent, sa contenance, lentement s’envoler, que c’est moche Fenrir. C’est vrai que je pensais que tu allais être à l’image de mes patients. P-Parce que je pensais que ce serait plus facile de te gérer comme ça, puisque je pourrais facilement te dresser. Il se râcle la gorge. Tu n’es pas parfait, et je ne le suis pas non plus, cependant, je peux toujours faire des efforts, je suppose. Il risque finalement un regard en sa direction.

Oui, je suis égoïste, et c’est un de mes principaux défauts. Il n’empêche que je suis désolé. Un murmure, alors qu’il regarde autre part. J-Je suppose.

Ses yeux se baissent lorsqu’il lui présente également ses excuses. Un moment plus gênant qu’autre chose, tant Fenrir ne savait quoi dire ou quoi faire après avoir mit de côté cette fierté qui était une partie de lui-même et de son caractère. Il se contenta de l’écouter, seul son visage se mouvant au gré de ses mots, tantôt il leva les yeux au ciel, tantôt il esquissa un sourire, le tout en prenant soin d’éviter son regard, l’affronter une seule fois étant bien assez suffisant pour lui.

J'aimerais simplement... T'apprendre, te connaître ?

Dit-il. Le connaître ? C’était logique après tout, de vouloir connaître la personne qui allait partager sa vie, son quotidien et le voir sous toutes ses formes. Et pourtant, il ne put s’empêcher d’exprimer un rictus qui vient tâcher ce maigre sourire, plongé dans une certaine refléxion. Il ne réagit pas à ses derniers mots mais était plus ou moins d’accord avec lui - qu’il était triste de devoir passer par un chemin si tortueux pour atteindre un but pourtant si simple et ne nécessitant pas de détour… Ses mains quittent son dos au fur et à mesure que ses pupilles suivent l’horloger du regard, se poser contre la fenêtre - et il papillonne face à cette vision.

Peut-être que son regard était obstrué par un sombre désir qu’était de voir Keita comme un être inférieur, et pourtant, à l’heure actuelle, plus qu’à un imbécile, il le voyait comme quelqu’un d’ordinaire, et les pulsations de son coeur commençaient à devenir plus régulières, palpitations accélérées par une curiosité qui lui était bien trop étrangère lorsqu’il faisait face à cette tête rouge - et le voilà pourtant là, tout près de cette prison de verre, majestueux, alors que sa silhouette était éclairée d’une teinte sépia et chaleureuse, brillant sur son corps couvert de tissus - sublime oeuvre d’art, il ne put s’empêcher de sourire, Fenrir.

Et alors que le silence régissait dans la pièce, ses mots fendant l’air finirent par le détrôner…  

Je n’ai rien à te dire sur moi, Keita. Il se décolla de la porte contre laquelle il était adossé alors que ses bras se croisèrent sur son torse, l’observant avec beaucoup d’attention. Je n’ai pas la prétention de m’avouer intéressant. J’ai beau être une étoile, je suis… normal. Rien vécu de tel là-haut, même si être spectateur de ce globe aqueux durant toutes ces années était plutôt plaisant… Sourire, quelque peu nostalgique. Quant à mon caractère, je suppose que tu as eu un certain avant-goût, pas besoin que je t’en révèle plus, tu sauras sans doute dans quelques temps de quoi je suis composé.

Il releva un bras, le dos de l’ongle du doigt de sa main caressant sa lèvre inférieure meurtrie par ses dents.

Et quant à toi, je n’ai pas besoin d’en apprendre non plus. On verra ça plus tard. Cependant, j’aimerai bien voir tes tatouages de plus près.

Le roux se lève et s’approche. Son regard ne quitte pas le sien, préférant garder la surprise de son corps un peu plus longtemps. Et puis, il lui donne le feu vert en lui désignant les divers endroits où reposaient ses tâches d’encres, Fenrir baisse les yeux sur le rouage présent sur sa poitrine, se rapprochant un peu pour se pencher à sa hauteur et contempler ce chef-d’oeuvre. Ses doigts le tracent de leur bouts pour s’assurer que tout ceci n’était qu’une profondeur et perspective incroyablement bien réalisée. Admiratif Fenrir, on pourrait presque apercevoir des étoiles dans ses yeux tant cela semblait magique pour lui. Il reste de bonnes minute les yeux collés sur ce même tatouage, grognant quelques mots dans sa barbe de temps en temps avant de se redresser, expirant une bouffée d’air emmagasinée dans ses poumons depuis bien longtemps - expirant une accumulation de curiosité mêlée à la satisfaction.

C’est vraiment du bon travail…

Fenrir contourne le corps du rouge, s’attaquant à présent à ce qui ornait dans son dos - tatouage tout aussi magnifique que le présent. Ca doit faire mal, non ? Se faire planter des aiguilles remplies d’encre dans la peau pour avoir quelque chose d’aussi magnifique doit en valoir le coup, mais je sais pas si j’en serais capable personnellement… Souffla-t-il avant de réitérer les mêmes actions que pour la montre. Il l’effleure, délicatement, comme si cette aile était véritable et trop fragile pour supporter son toucher - éphémère, délicate, fragile, peut-être comme son détenteur.

Un soupir, c’est après de longues minutes de contemplation qu’il s’écarte pour se dresser de nouveau face à l’horloger, lui offrant un large sourire reconnaissant. ......Merci. J’aime beaucoup tes tatouages. A la fois discret et voyant, le tatouage est vraiment un art. Même si sur la durée et avec l'âge, la peau doit pas vraiment apprécier, huh… Tout est si éphémère. Dernières paroles soufflées pour lui-même.

Je te montrerai peut-être ce que j’a.. Ses yeux observent son torse avec plus d’attention, le stoppant dans sa lancée. Ses sourcils se froncent. Mais. Mais t’es assez musclé en fait. Ses yeux se plissent, il se pince l’arrêt du nez, alors qu’un soupire bruyant se fraya un chemin au dehors de ses narines. Je t’ai pas mal sous-estimé sur tous les points, je devrais peut etre me remettre en question un peu plus….

Il se racle la gorge. Je disais donc, peut-être que je te montrerai ce que j’ai sous ces vêtements aussi, un jour. Et ce sans double sens ou mauvaises intentions, qu’on soit bien clairs...

Un léger sourire. Il n’exprime qu’un léger hochement de tête lorsque l’humain lui dévoile son plan pour la soirée - il aurait tout simplement dû le ramener chez lui et le laisser tranquille plutôt que de se pouiller avec et de l’embêter avec des choses futiles. Mais ce qui est fait et fait et il n’en est pas moins déçu. Son regard se pose une dernière fois sur le visage abîmé du malheureux, le détaillant quelques secondes. Il ne le quitte pas une seconde des yeux lorsqu’il s’habilla - il était temps se disait-il, c’était bien beau de rougir et de paraître si réservé mais il était le seul à se dénuder en sa présence sans fermer la porte de sa salle de bain, accessoirement. Bah, Fenrir s’en fichait, la vue de son corps ne le dérangeait pas plus que ça - bien sûr cela aurait été différent s’il serait du sexe opposé, alors il eut bien de la chance de tomber sur un homme, au fond.

Cinq mots franchissent la gorge du roux, le psychologue sort de sa torpeur pour se concentrer sur ce qu’il disait, non sans surprise. Le remercier pour l’avoir raccompagné à son domicile alors qu’il était dans un état déplorable - pourquoi pas, mais il ne jugeait pas vraiment pouvoir recevoir un tel remerciement, c’était un peu son travail à partir de maintenant, d’ôter sa proie dans les griffes de la meute adverse et de veiller sur elle. Oh, il ne comparait pas Keita à un bout de viande, ou presque, il était simplement devenu la proie de sa curiosité envahissante et décadante, et ce jusqu’à ce qu’il expire son dernier souffle.. Alors ne le déçois pas.

Un simple haussement d’épaule, il sourit. C’est normal. Il arrange son écharpe de telle sorte qu’elle couvre la partie inférieure de son visage avant de s’avancer près de son interlocuteur, le dos de ses doigts venant caresser son épiderme contusionné et souillé. N’oublie pas de demander à ton patron de te laisser quitter plus tôt, ou d’au moins te raccompagner jusqu’à chez toi, ok ? Sinon je vais me fâcher, j’aimerai pas te voir à l’article de la mort la prochaine fois, dans une cave avec des gens bizarre. Sourire goguenard. Et appelle-moi si tu as besoin.

Plutôt qu’emprunter la porte, Fenrir se dirigea vers la fenêtre avant de l’ouvrir, laissant le zéphyr s’insinuer dans la pièce de l’ange déchu. Il bondit sur le rebord de la fenêtre en s’appuyant à la poignée.

Un dernier regard, un dernier sourire, puis sa silhouette disparaît dans les ténèbres.