Un mois. Deux mois. Le temps qui passe. Qui coule sous les ponts. Du temps que moi, j’ai passé à réfléchir. À me question. Me demander si tout cela n’était pas le fruit de mon imagination. Si ce que j’ai ressenti ce jour-là était réellement ce pseudo-lien dont tout le monde parle. Contre lequel certains se battent, même. Tout ce temps passé, où, pas un jour, je n’ai manqué de regarder mon téléphone, de fixer l’écran où était affiché ce message reçu plus tôt. Ce message d’Uren Xander Battle. Mon étoile, semble t-il. Et tout ce temps que j’ai filé, et qu’il m’a laissé, parce que j’avais besoin de faire le tri dans ma tête, dans mon cœur, dans ma vie… dans tout.
Le soir de cette rencontré, en rentrant chez moi, j’ai appelé mon beau-père. J’avais besoin qu’il me rassure, qu’il me conforte dans l’idée que rien de tout cela n’était vrai, que j’avais dû être victime d’un quelconque coup de foudre. Parce qu’au final, peut-être bien que l’idée de tomber amoureux-se me fait moins peur que celle d’être lié à vie à un homme que je ne connaissais pas il y a deux mois de cela, et dont je ne sais absolument rien.
Mais au lieu de cela, il n’a fait que confirmer mes craintes. Et il m’a raconté que lui aussi était une étoile. Et tout est devenu beaucoup plus clair dans ma tête. La raison pour laquelle ma mère s’était remise aussi rapidement de la perte de mon père. Cette décision brutale d’emménager avec un inconnu – pour moi. Cette confiance aveugle. Cet amour sans limite. C’est… ce que j’ai ressenti, ce soir-là. Et ce que j’ai ressenti, pendant deux mois. Le manque, l’éloignement. Le besoin de savoir ce qu’il fait, l’inquiétude, également. Quelque chose de fort. D’effrayant, qui m’a poussé à rester loin de lui pendant tout ce temps.
Mais qui m’a également poussé à lui envoyé un sms, il y une dizaine de minutes, pour lui proposer un rendez-vous.
Je suis désolé de ce manque de nouvelles. Mais j’avais besoin de faire le point. Peux-tu me retrouver ce soir, à 18h30, au bar d’Uwabami, s’il te plait ?
- Eurydyce.
Je ne savais quoi dire. J’en ai même oublié d’être poli. Mais… je me sens tellement… étrange, je crois. J’ai peur à l’idée de le revoir. Et en même temps, j’ai tellement hâte… Je veux pouvoir… savoir que je me suis inquiété pour rien. Observer son visage. Entendre sa voix. Bref. Profiter de sa présence.
Alors me voilà, assis dans le bar, à attendre qu’il ne montre le bout de son nez. Après tout, je n’ai pas attendu sa réponse. Je ne sais même pas s’il va venir. Mon portable est en silencieux au fond de ma poche, et actuellement je suis trop occupé à boire ma bière pour vraiment aller vérifier. Peut-être fais-je cela aussi parce que j’ai peur d’y lire une réponse négative. Une réponse où il m’envoie chier. Ou… je ne sais pas. Refuse, est en colère, tout ça…
Je devrais arrêter d’y penser et me concentrer sur ma boisson. Et attendre. Voir si oui non…